La coordination des étudiants s’insurge
La CLE appelle les étudiants à la mobilisation et à l’auto-organisation autour des comités de résidence et de département pour contrecarrer les mesures administratives.
Les dernières mesures prises par les nouveaux responsables dans la gestion de l’Université de Béjaïa inquiètent la Coordination locale des étudiants de Béjaïa (CLE), qui l’a fait savoir dans une déclaration de dénonciation sur la situation en vigueur au sein de cette institution et appelle les étudiantes et les étudiants à la mobilisation et à l’auto-organisation autour des comités de résidence et de département, élus et révocables démocratiquement.
Cette coordination locale, initiatrice de la fameuse marche du 10 juin dernier, s’est insurgée contre l’impunité des responsables des incidents survenus à la fin de l’année dernière. Les nouvelles mesures engagées par l’administration et la menace de suppression de la mixité au sein des résidences universitaires ne sont pas en reste puisque dans le même document, la CLE s’y oppose clairement.
Dans une longue déclaration, les représentants des étudiantes et des étudiants de l’Université de Béjaïa doutent fort de la sincérité des responsables en s’appuyant sur leur démarche. «Aujourd’hui, des responsables complices continuent leur fuite en avant en savourant en toute quiétude leur impunité, après avoir sacrifié aux mains de la justice quelques boucs émissaires, qui ne sont en fait que l’arbre qui cache la forêt», notent les étudiants de Béjaïa et ce «malgré la marche du mois de juin dernier».
Outre cette impunité, la coordination locale des étudiants a estimé que les nouvelles mesures engagées par l’administration dans la gestion de l’institution sont de nature «carcérales et policières». En d’autres termes, elles sont loin de répondre aux aspirations des étudiants.
Pour étayer ses dires, la CLE s’appuie sur certains faits avérés dont «l’exclusion des étudiants de la pédagogie et des résidences universitaires, la sélection et la limitation de l’accès au master, la limitation d’accès aux résidences qu’aux étudiants résidents et l’installation de caméras de surveillance, etc. Autant de mesures qui sont loin d’agréer la masse estudiantine qui y voit «une atteinte aux libertés individuelles».
La suppression de la mixité, une mesure abordée par les responsables lors d’une session de l’APW comme solution et la violence dans cette institution, est l’autre appréhension soulevée par la coordination.
Cette dernière compte s’opposer farouchement au renoncement à ce qu’elle considère comme l’un de leurs derniers acquis majeurs sur le plan des libertés estimant que «la mixité n’a jamais été à l’origine de la corruption, et encore moins de la violence, comme l’a explicitement prétendu le wali de Béjaïa».
La Coordination locale des étudiants soupçonne la tutelle d’une volonté de normalisation de leur université à travers «le contrôle sur les étudiants et leurs structures revendicatives afin de poursuivre la politique néolibérale de prosternation des universités devant l’économique» et de s’interroger devrons-nous céder un tel acquis pour satisfaire les appétits de quelques affairistes aux exigences desquels l’Etat est prêt même à sacrifier nos libertés l’une après l’autre?