Nouvelles hausses des prix des viandes blanches et des œufs

Nouvelles hausses des prix des viandes blanches et des œufs

Il faut s’attendre à une nouvelle augmentation des prix des viandes blanches et des œufs à partir du mois de janvier. Cette hausse «inattendue» et «non prévue» risque d’être très dure pour le consommateur qui ressentira les effets immédiatement puisque les prix vont passer du simple au double.

Le poulet pourra dépasser 500 DA le kilogramme alors qu’il est estimé actuellement entre 320 et 370 dinars le kilo, un prix jugé déjà «exorbitant» par une grande partie de la population.L’origine de cette situation ne se trouve pas dans l’intervention d’une hausse subite de la matière première ni encore moins dans la réduction de la production nationale.

Elle est due, tout simplement, à la suspension de la mesure relative à l’exonération des producteurs et des éleveurs des droits et des taxes sur l’importation des aliments de base.Cette mesure prise en septembre dernier par les pouvoirs publics pour faire face à la hausse vertigineuse des prix du poulet et des œufs sur une période d’une année va être suspendue en décembre dernier.

La cause ? La loi de finance de 2013 n’a pas pris compte cette mesure et n’a rien prévue pour combler ce déficit. «La flambée des prix est inévitable et elle sera très conséquente», nous affirme un professionnel de la filière, choqué par le manque de clairvoyance et de sens de prévision chez les responsables du secteur de l’agriculture.

«C’est une mesure importante, prise en un moment crucial où la filière était menacée de disparition vu les prix inabordables pratiqués sur les viandes blanches. Et voilà maintenant, nous allons détruire tout ce qu’a été fait ces derniers mois dans cette filière et surtout subir de plein fouet les conséquences insupportables de l’augmentation des prix des matières premières annoncées sur les marchés internationaux à partir de janvier prochain», a-t-il ajouté.

LE MARCHÉ DE LA VOLAILLE DÉSTABILISÉ

Fortement déstabilisé, le marché de la volaille continue d’afficher des prix hors de portée de la majorité des consommateurs. Outre le retard occasionné dans l’application de l’exonération des droits et taxes sur les aliments de volaille, les professionnels de la filière affirment que l’impact de cette mesure ne sera pas concret dans l’immédiat.

«On ne peut pas sentir les effets de cette mesure immédiatement. Il faut attendre jusqu’au mois de février pour que les prix reviennent à leur niveau normal», nous affirme Mokrane Mezouane, président de l’Association nationale de la filière avicole, qui estime, toutefois, que la tendance actuelle du marché «va vers la baisse des prix».

Selon lui, beaucoup d’éleveurs ont engagé leur cheptel dans le processus de production juste avant la prise de cette décision, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas bénéficié de cette exonération.

«De toute façon, le marché est soumis à la règle de l’offre et la demande indépendamment de la suppression de la taxe ou non», a-t-il ajouté.Selon lui, l’été, période qui a connu une hausse vertigineuse des prix des produits de volaille, a été marqué par «un fort taux de mortalité chez les producteurs, ce qui a fortement pénalisé le processus de la reproduction».

Selon lui, il y a eu aussi un grand problème de productivité dû à «l’insuffisance de la qualité de la matière première importée et aux nombreuses lacunes constatés chez les fabricants locaux d’aliment qui manquent de capacité professionnelle, de matériel et de technicité» a-t-il dit.

«Cela a fait que les aliments produits localement sont mal composés et ne répondent pas aux normes requises en la matière», a-t-il ajouté. «Au total, nous avons eu 20% de mortalité dans la période d’engraissement, ce qui est énorme», estime M. Mezouane.

Pour lui, la gestion actuelle de la filière finira par «détruire le consommateur final». Le ministère de l’Agriculture est donc interpellé pour trouver une solution aux éleveurs et producteurs de la filière afin de pouvoir satisfaire la demande des consommateurs.

La flambée vertigineuse des prix du poulet, qui s’ajoute à celle des prix des viandes rouges, a ainsi privé des milliers d’Algériens de se nourrir correctement. Le consommateur algérien est donc tenu en otage et ne sait plus quoi faire depuis plusieurs mois.

Nouria Bourihane