La grande ville du nord de la Syrie, Alep, n’est plus que ruine après quatre années de guerre
Les hélicoptères du régime syrien ont largué hier des barils d’explosifs sur des zones rebelles de la province d’Alep, tuant au moins 71 civils, l’un des bilans les plus lourds dans cette région du nord du pays en guerre.
En Irak voisin, les forces gouvernementales ont avancé en direction de Ramadi dans le cadre de leur opération visant à isoler les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans cette ville de l’ouest irakien avant d’y donner l’assaut. Les frappes dans la province d’Alep ont tué 59 civils dans la ville d’Al-Bab sous contrôle de l’EI, qui sévit en Irak comme en Syrie, et 12 à Al-Chaar, quartier rebelle de la ville d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh, basé en Grande Bretagne). «Il s’agit d’un des plus grands massacres commis par l’armée de l’air du régime depuis le début de l’année», a dénoncé la Commission générale de la révolution syrienne (Cgrs), un réseau de militants couvrant la guerre en Syrie depuis 2011. Il a fait état «d’échoppes détruites, de voitures brûlées et de restes de corps humains dans l’un des hôpitaux de fortune» à Al-Bab. Les raids y ont ciblé un marché populaire à une heure de grande affluence, selon l’Osdh qui parle aussi de «massacre». A Al-Chaar, huit membres d’une même famille ont péri et parmi les victimes figurent trois enfants et quatre femmes, a précisé l’Osdh. Sur un trottoir du quartier, des cadavres étaient posés sous des couvertures noires, selon l’AFP. Un membre de la défense civile Chouhoud Hussein a affirmé que les raids avaient «causé d’importants dégâts» et que «les immeubles sont menacés d’effondrement». Le régime a souvent recours aux barils d’explosifs qui ont déjà fait quelques centaines de morts dans la province d’Alep depuis le début de l’année. Le recours à cette arme est régulièrement dénoncé par les ONG comme une arme qui tue d’une manière aveugle.
Les forces du régime ont commencé en 2013 à larguer à Alep ces bombes remplies de puissants explosifs et de ferraille. La ville est divisée depuis 2012 entre l’est aux mains des insurgés et l’ouest contrôlé par le régime. Mais dans la province éponyme, le régime ne contrôle que quelques secteurs, le reste étant aux mains des rebelles et de l’EI. Le conflit en Syrie a éclaté en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes. La contestation s’est ensuite militarisée avant de devenir une guerre brutale et complexe avec l’intervention des jihadistes d’Al Qaîda et de l’EI. Plus de 220 000 personnes ont péri dans la guerre et plusieurs millions ont été poussées à la fuite. Le régime de Bachar al-Assad a connu de nombreuses défaites ces derniers mois, la dernière jeudi étant la perte de la province d’Idleb (nord-ouest) au profit d’Al Qaîda et de ses alliés. Selon l’Osdh, l’EI contrôle la moitié du territoire syrien, principalement les régions du nord et de l’est, et avance dans le centre. Ce groupe, accusé de crimes contre l’Humanité, sème la terreur dans les zones sous son contrôle en Irak et en Syrie, n’hésitant pas à décapiter et crucifier ce qu’il considère comme ses «ennemis». Dans le cadre de leur contre-attaque dans la province irakienne d’Al-Anbar, frontalière de la Syrie, les forces fédérales aidées des milices chiites ont repris un secteur à l’ouest de Ramadi, sa capitale conquise le 17 mai par l’EI, selon des commandants. Elles «ont libéré le siège de la police de la route» qui était utilisé comme une base par l’EI, a indiqué un officier. Les forces de sécurité «resserrent l’étau autour de Ramadi, à partir du siège de la police à l’ouest, de l’Université au sud, et à partir des autres axes aussi», a dit le chef de la police provinciale.