La réunion du Conseil des chefs d’état-major des pays membres du Comité d’état-major opérationnel conjoint, qui s’est tenue, hier à Tamanrasset, sous la présidence du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, outre qu’elle constitue une riposte aux actions terroristes de AQMI, dans l’ensemble des pays de la région du Sahel, avait également et surtout pour but de pousser fermement ces pays à respecter leurs engagements et à passer à l’action en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et tous les autres phénomènes connexes.
Respecter les engagements pris semble avoir été le maître mot de cette réunion qui était fortement attendue en raison de la gravité de la situation à la suite notamment de la prise d’otages à Arlit, au Niger. La gravité de la situation a d’ailleurs été nettement soulignée par Gaïd Salah, qui a relevé «l’enjeu qui caractérise cette réunion au regard des évolutions qu’a connues notre région, depuis notre dernière rencontre, ici à Tamanrasset les 12 et 13 août 2009, qui nous interpelle tous à prendre nos responsabilités, à respecter nos engagements et à passer à l’action sur le terrain des opérations », a-t-il souligné.
Or il est clair au déroulé des événements que vient de connaitre la bande sahélo-sahélienne que des pays et notamment le Mali, pointé du doigt par ses partenaires ne fait pas face à ses engagements solennels puisque les bandes terroristes y activent en toute impunité.
Pire elles bénéficient à l’évidence de complicités au plus haut niveau de l’État malien. Pour s’en convaincre un peu plus il suffit de décrypter les déclarations publiées dimanche sur la bonne santé des otages, distillées par des sources «au coeur» du dossier.

Pour les experts de la lutte antiterroriste cela signifie, ni plus ni moins que des hauts fonctionnaires maliens sont en relation avec des intermédiaires en contact avec les chefs terroristes planqués dans leur sanctuaire au nord du Mali. Les ravisseurs, venant du Niger ont traversé tranquillement le Mali, pour se réfugier au nord du pays. Les autorités maliennes n’interviennent pas prétextant la faiblesse de leurs troupes alors qu’elles ont reçu de l’aide en grande quantité.
La réunion extraordinaire du Conseil des chefs d’étatmajor des pays membres du Comité d’état-major opérationnel conjoint de Tamanrasset est venue à point nommé pour rappeler le Mali et d’autres pays membres à leurs responsabilités pour réduire des bandes terroristes faibles en nombre, mais qui tirent leur force de la malfaisance des complicités locales et de l’argent abondant des rançons.
C’est précisément pourquoi la réunion a permis d’avancer dans la levée des «incompréhensions » qui persistaient et devrait aussi permettre dans les prochains jours de dégager les «solutions idoines, en vue de renforcer l’action effective et concertée et atteindre, par là, les objectifs tracés dans la stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée».
Par ailleurs et du fait même qu’elle se soit tenue rapidement, réunissant l’ensemble des pays membres, cette réunion constitue une «confirmation avérée du respect de tous les engagements » pris par les forces armées des pays membres et un «message clair», pour exprimer leur volonté et leur détermination, ainsi que leur «capacité effective à prendre en charge, de façon autonome et collective, leurs questions sécuritaires en toute liberté et en tout souveraineté», selon les déclarations pertinentes du colonel Sebaâ à la presse en marge de cette réunion qui regroupe les chefs d’état-major de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger.
Autre aspect positif, la réunion permet, du moins dans l’immédiat d’écarter les ingérences étrangères qui ont souvent dicté des règles de conduite ayant permis aux groupes terroristes d’AQMI de renforcer leurs sources de financement.
Bien que le payement des rançons ait fait l’objet d’une interdiction par une résolution de l’ONU, des États européens et notamment l’Espagne, ont obtenu la libération de leurs ressortissants pris en otages en payant des millions d’euros. Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), avaient été enlevés à leur domicile à Arlit, dans le nord du Niger, rappelle-t-on.
Vendredi, le chef d’état-major des armées françaises Edouard Guillaud avait indiqué que la France était prête à «engager le contact à tout moment» avec Aqmi, tout en assurant qu’une opération militaire n’était pas à l’ordre du jour.
Il est souhaitable que les autorités françaises qui seront informées des résultats de la réunion de Tamanrasset s’en tienne à la non-intervention et surtout s’abstiennent de manipulation médiatiques pour des raisons de politique intérieure.
Mokhtar B.