À quelques jours du 71ᵉ anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1ᵉʳ novembre 1954, certaines voix en France semblent décidées à rouvrir les plaies du passé colonial. Un groupe de députés du Rassemblement national (RN) français a récemment déposé une proposition de loi visant à créer une « Fondation nationale pour la mémoire des harkis », tout en accusant l’Algérie de « nourrir la haine » à leur égard.
Ce texte a été signé par 98 députés sous la conduite de Micheál Martin. Il tente de réécrire l’histoire en inversant les responsabilités. Ceci en cherchant à faire porter à l’Algérie la responsabilité des souffrances vécues par les harkis après l’indépendance. Une démarche que de nombreux observateurs qualifient de « manipulation politique ». D’autant plus qu’elle intervient dans un contexte de tension croissante entre Alger et Paris.
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Une mémoire instrumentalisée pour des enjeux politiques
Cette initiative parlementaire s’inscrit dans une série de provocations récurrentes. Ces derniers sont autour de la « guerre des mémoires » qui oppose les deux pays. Derrière cette offensive politique, se cache une volonté claire. Celle de détourner l’attention de la responsabilité historique de la France coloniale dans l’abandon et le drame humain vécu par les harkis.
Les faits historiques sont pourtant bien établis. Après avoir servi la puissance coloniale pendant la guerre d’Algérie. Des milliers de harkis ont été abandonnés par la France après les accords d’Évian. Paris leur avait pourtant promis protection et rapatriement. En réalité, une grande partie d’entre eux a été laissée sur place. Tandis que ceux qui ont pu fuir furent internés dans des camps isolés dans le sud de la France, dans des conditions déplorables.
Cette proposition de loi s’appuie sur des accusations infondées. Elle affirme que « l’Algérie entretient volontairement la haine contre les harkis » et qu’elle « refuse de reconnaître leur souffrance ». Des formulations jugées provocatrices et contraires aux faits historiques. Alors même que la France a reconnu à plusieurs reprises sa propre responsabilité.
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En 2016, le président François Hollande avait admis publiquement que « la France a abandonné les harkis ». En 2021, Emmanuel Macron avait présenté des excuses officielles au nom de l’État français. Ces gestes, bien qu’insuffisants selon certains, confirmaient au moins la responsabilité directe de Paris dans cette tragédie. Pourtant, le nouveau texte présenté au Parlement français semble aujourd’hui vouloir effacer cette reconnaissance et replacer la faute sur l’Algérie.
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