M. Medelci invité de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée française :
“Le Président Bouteflika a souhaité consacrer son troisième mandat au renforcement des institutions républicaines et de l’Etat de droit”
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, était l’invité hier à Paris de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée française où de nombreux députés ont abordé avec lui diverses questions intéressant tant les réformes politiques menées en Algérie que les relations bilatérales.
Devant des parlementaires de différents groupes politiques, le chef de la diplomatie algérienne a, tout d’abord, rappelé les évolutions enregistrées dans le pays depuis 2000, année à partir de laquelle, a-t-il souligné, des « réformes profondes » ont concerné des domaines cruciaux tels que l’école, la justice, l’économie et les finances. Tout en affirmant qu’au plan des réformes, la Constitution de 2008 consacre « clairement » le principe d’une plus large participation de la femme dans les assemblées élues, il a relevé que le début de cette nouvelle décennie a été l’occasion pour l’Algérie d’engager une nouvelle étape de réformes annoncées par le Président Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, parmi lesquelles il cite plus d’ouverture au plan politique et économique, notamment, et une « meilleure réponse » aux attentes des citoyens. Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que ce processus de réformes sera « consolidé dès le second semestre 2012 par la révision de la Constitution », dont les dispositions nouvelles et les amendements permettront, a-t-il soutenu, de situer « au plus haut niveau de la hiérarchie des textes », les options annoncées par le Chef de l’Etat en avril dernier. « Le Président Bouteflika a souhaité consacrer son troisième mandat au renforcement des institutions républicaines et de l’Etat de droit, à présent que la paix, la stabilité et la croissance ont été rétablis avec des résultats très encourageants et très clairement perceptibles par les Algériens », a-t-il ajouté. Au plan bilatéral, M. Medelci s’est félicité de la dernière visite à Alger du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui, a-t-il dit, a pu « apprécier à la fois l’ampleur des réformes engagées, mais également la volonté du gouvernement algérien de bâtir (à) ce partenariat d’exception (entre les deux pays) souhaité par le Président Sarkozy dès 2007 ».
Il a noté que les consultations régulières entre les responsables des deux pays sont un « signe très encourageant ». « Nos approches sur les crises qui secouent le monde et sur les mutations enregistrées, notamment autour de la Méditerranée, nous donnent l’occasion de renforcer nos convergences et de mieux comprendre nos positions respectives sur certains sujets qui restent d’actualité comme la mémoire », a indiqué le ministre. Au plan économique, M. Medelci a qualifié le partenariat engagé par les deux pays et mené par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohammed Benmeradi, et l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, de « mission réussie » puisque ayant permis de « débloquer plusieurs projets, à présent totalement finalisés ». Cette mission, a-t-il poursuivi, a permis d’ouvrir « résolument la voie à de nouveaux partenariats, notamment dans le domaine de l’automobile, la pétrochimie et les industries pharmaceutiques et agro-alimentaires ».
« Nous formulons le vœu que le premier semestre de l’année 2012 soit l’occasion de conduire les négociations en cours à leur terme », a-t-il dit, se félicitant de l’évolution du commerce bilatéral qui, a-t-il souligné, « se porte bien » (plus de 40 milliards de dollars) et des services dont le poids dans les échanges « ne cesse de se renforcer ». Au terme de sa présentation liminaire, le ministre des Affaires étrangères a répondu aux questions d’une vingtaine de députés français dont les questions ont concerné essentiellement les relations bilatérales et les positions de l’Algérie vis-à-vis de l’actualité régionale et internationale.
C’est la deuxième fois que M. Medelci est reçu par l’Assemblée française, après une première rencontre en novembre 2007. Au cours de sa visite, il sera reçu par le ministre français des Affaires étrangères et européennes, Alain Juppé, avec qui il évoquera les « différents enjeux » de la relation bilatérale entre Paris et Alger.
Algérie-UE
“L’Algérie en passe d’adhérer à la nouvelle Politique européenne de voisinage”
L’Algérie est en passe d’adhérer à la « nouvelle » Politique européenne de voisinage (PEV) et entamera prochainement des négociations avec l’Union européenne pour intégrer « dès que possible » cette politique, a annoncé hier depuis Paris le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. « Nous avons décidé d’entamer des négociations exploratoires (avec l’UE) pour nous intégrer, dès que possible, à cette PEV rénovée », a-t-il déclaré, devant un parterre de députés français qui l’interrogeaient sur les positions de l’Algérie vis-à-vis de questions d’actualité régionale et internationale. M. Medelci a indiqué que cette prochaine adhésion a été décidée suite à l’option prise par les Européens, au terme d’une évaluation de cette PEV, de la revoir. « Nous avons participé aux travaux d’évaluation de la PEV en tant qu’observateur et ayant constaté que les Européens s’étaient donné un nouveau concept de PEV dite rénovée qui permet à chacun des pays, en direction de l’UE, de bâtir un programme qui s’adapte à ses besoins », a-t-il affirmé, signalant que ce nouveau concept de PEV rénovée donne toute « latitude maintenant à notre pays pour y participer ».
« C’est cette raison qui fait que nous avons décidé maintenant d’entamer des négociations exploratoires pour nous intégrer, dès que possible, à cette PEV rénovée », a expliqué le chef de la diplomatie algérienne. Sans viser l’adhésion à l’Union européenne, la PEV s’assigne essentiellement comme objectifs de faire en sorte que l’UE et ses voisins trouvent un intérêt mutuel à promouvoir les réformes et la primauté du droit, ainsi que l’existence de démocraties stables et prospères (prospérité, sécurité, stabilité) dans tout le voisinage de l’Union. Signataire d’un accord d’association avec l’UE en 2002, l’Algérie s’était toujours montrée réticente quant à son adhésion à la PEV, la jugeant « contraignante », notamment en matière de politique intérieure des pays voulant y souscrire et sur le chapitre de la libre circulation des personnes. La PEV concerne 16 pays, dont des voisins de l’Algérie (Tunisie et le Maroc).
Conférence de presse conjointe Medelci-Juppé : Vers l’intensification de la coopération
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a affirmé, hier, à Paris qu’il partageait avec son homologue français, M. Alain Juppé, le point de vue que les relations algéro-françaises vont dans le sens de l’intensification de la coopération entre Paris et Alger. « Je saisis cette occasion pour dire que nous partageons le point de vue que les relations algéro-françaises sont en train de prendre une direction qui laisse la possibilité à nos deux pays de poursuivre et d’intensifier, en même temps, à la fois la coopération sur les plans politique, économique mais également sur tous les autres plans », a déclaré M. Mourad Medelci, lors d’une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie française, peu après l’entretien qui les a réunis au Quai d’Orsay. « Au regard des actions que nous avons initiées ou finalisées pour 2012, a-t-il dit aussi, cette année sera une année emblématique en ce sens qu’elle représente pour nous Algériens et pour vous Français comme pesanteur de la mémoire et en même temps, permettra le dynamisme de l’espoir, ce qui est permis entre des peuples qui souhaitent continuer à travailler ensemble dans l’amitié, la considération et le respect réciproque ». Le ministre a également indiqué, dans ce cadre, avoir mentionné avec son homologue français que l’Algérie est en train de travailler également au niveau de l’Union européenne (UE) à « la consolidation de ses rapports, à la finalisation des négociations sur le démantèlement tarifaire », soulignant en même temps avoir annoncé que l’Algérie allait « très prochainement » ouvrir des négociations exploratoires pour qu’elle puisse participer à la Politique européenne de voisinage (PEV). « Cette politique ayant fait l’objet d’un lifting qui la rend plus accessible au pays que nous sommes », a-t-il souligné. Sur les propositions qu’il a faites et qui s’inscrivent dans le renforcement des relations bilatérales à l’approche de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie et « auxquelles M. Juppé a répondu favorablement », M. Medelci a indiqué avoir relevé « la nécessité » de faire aboutir un certain nombre de projets qui ont été gérés « de manière un peu trop lente », citant en particulier l’Ecole internationale d’Algérie de Paris, le Centre culturel algérien, ainsi que la Maison de l’Algérie à la cité universitaire internationale. Il a précisé que ce dernier projet est nouveau et que s’agissant des autres, c’est en termes de clarification quant à leurs statuts qui pourraient aboutir dès le début de l’année 2012 « de façon à ce que ceux qui vont en bénéficier, les jeunes et les femmes de culture, puissent participer également à ce renouveau de la coopération dont le domaine reste si sensible et si important ». Sur la position de l’Algérie à propos de la Syrie, M. Medelci a indiqué que l’Algérie « ne s’est pas contentée de condamner », rappelant qu’elle l’a faite en juin déjà, soulignant cependant qu’elle a « transcendé aujourd’hui le stade de la condamnation ». « Elle est aujourd’hui au sein de la Ligue arabe, elle est aussi membre de la commission ministérielle chargée du dossier de la Syrie et nous sommes en train, avec l’aide de la communauté internationale, de faire avancer l’initiative arabe qui vise d’abord l’arrêt de la violence et surtout l’ouverture d’un dialogue entre les Syriens mêmes, car en définitive, c’est à eux qu’appartient leur devenir et l’Algérie travaille au sein de la Ligue arabe dans ce sens », a dit M. Medelci. M. Juppé a, pour sa part, déclaré que l’année 2012 sera « plus tournée vers l’avenir que vers le passé », et que les relations bilatérales « sont étroites et tout à fait confiantes ». Sur la préparation du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, il a précisé qu’elle se fera « chacun de son côté et sous sa propre initiative dans un esprit de sobriété et de concertation ». Il a également précisé que l’entretien « nous a permis d’échanger nos vues sur l’évolution positive des choses en Libye et en Tunisie … ».