La crise libyenne n’est pas près de connaître son épilogue. Les puissances occidentales et le Conseil national de transition libyen exigent le départ du colonel kadhafi en préalable à toute négociation sur l’avenir de ce pays.
Le gouvernement libyen, lui, annonce être prêt à engager des réformes pour tenter de mettre fin au conflit qui déchire le pays depuis plus d’un mois et demi mais a exclu le départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi. Le porte-parole du gouvernement a affirmé que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum notamment. « Quel système politique à appliquer dans le pays? Cela est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc. », a déclaré lundi soir Moussa Ibrahim à des journalistes qui l’interrogeaient à propos des négociations du régime avec l’Occident.
Il a toutefois précisé que « le leader est la soupape de sécurité pour le pays et pour l’unité de la population et des tribus. Nous pensons qu’il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent ». Selon lui, son pays est prêt à négocier avec les puissances occidentales mais refuse qu’elles « décident ce que le peuple libyen doit faire ». Le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles dans leur fief à Benghazi (est), a rejeté lundi l’idée proposée, selon le New York Times, par Seif al-Islam et un de ses frères, Saadi, d’une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père, estimant que Kadhafi et ses fils devaient partir.
Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a lui estimé que Mouammar Kadhafi et sa famille devaient quitter le pouvoir et que la communauté internationale devait rester unie contre les tentatives diplomatiques du régime de s’en sortir, se référant à la tournée du vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, qui s’est rendu ces deux derniers jours à Athènes, Ankara et La Valette. Londres a aussi émis des réserves sur les démarches de Tripoli: « Nous avons toujours été clairs sur ce que devrait être la prochaine étape et les besoins d’une véritable trêve et d’une fin des violences », a déclaré un porte-parole du Premier ministre David Cameron. « Nous ne recherchons pas de stratégie de sortie pour Kadhafi ».
Sur le terrain, la bataille pour le port pétrolier de Brega (800 km à l’est de Tripoli) se poursuivait. Des tirs d’artillerie très violents ont été entendus, hier, en milieu de matinée à une trentaine de km de la ville d’où s’élevait un énorme panache de fumée noire, selon un correspondant de presse. Comme la veille, des familles entières continuaient de fuir la ville en voiture en raison des combats entre rebelles et forces gouvernementales mieux armées et mieux organisées. « Brega est quasiment désert, il n’y a plus que quelques hommes et leurs fils pour garder les maisons.
Nos hommes (les rebelles) sont dans la ville (dans l’est) mais les forces de Kadhafi leur tirent dessus (de la partie ouest) », a déclaré à une agence de presse Sami Ali, un habitant sur la route de Brega. L’Otan a mené de nouvelles frappes aériennes, hier, contre les forces pro-Kadhafi à proximité de cette ville, où les combats font toujours rage pour le contrôle de son important port pétrolier. Dans l’ouest du pays, les combats s’étaient poursuivis lundi dans le Jabal Al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, et à Misrata (200 km à l’est de Tripoli), ville assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi.
Par : Sadek Belhocine