Nouvelle loi pour l’emploi en Algérie : le test anti-drogue devient obligatoire

Nouvelle loi pour l’emploi en Algérie : le test anti-drogue devient obligatoire
Test anti-drogue requis pour l’embauche en Algérie

L’Algérie s’apprête à mettre en œuvre une mesure inédite pour renforcer la sécurité dans le monde du travail. La nouvelle loi 25-03, promulguée en juillet dernier, rend obligatoire la présentation d’une analyse médicale attestant de l’absence de consommation de drogue pour tout candidat à un emploi.

Cette disposition, dont les textes d’application sont attendus prochainement, vise explicitement à prévenir l’usage de stupéfiants au sein des entreprises. Lors d’un atelier de sensibilisation organisé hier à Bab Ezzouar par la direction régionale centre de l’inspection du travail, des magistrats et responsables ont détaillé les contours de cette réforme.

Elle concerne aussi bien les nouvelles embauches que les salariés déjà en poste, et pourrait même s’étendre, dans des conditions spécifiques, aux établissements d’enseignement. Cette procédure de dépistage s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre les addictions et d’amélioration des conditions de santé et de sécurité au travail, un domaine où des progrès restent à accomplir, notamment dans le secteur du Bâtiment et Travaux Publics.

Lutte contre la drogue : un test de dépistage bientôt requis pour l’embauche en Algérie

L’objectif premier de cette obligation de dépistage est d’intervenir en amont de l’addiction. La présidente de la chambre sociale de la Cour de justice d’Alger, Mme Hindaoui, a souligné lors de son intervention que la loi cherche à éviter « que l’on arrive au stade, plus grave et inacceptable, de l’addiction ».

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Bien qu’aucune statistique nationale n’ait été communiquée, la magistrate a indiqué que des cas d’usage de drogue étaient signalés, en particulier dans des professions où le processus de recrutement est moins formalisé, comme la vente, le gardiennage ou la construction. Le législateur a donc choisi une formulation large pour s’attaquer à ce phénomène.

Mme Hindaoui a précisé que « l’obligation d’apporter une analyse médicale négative d’usage de drogue » constitue un point central de la loi 25-03, s’appliquant aux nouveaux demandeurs d’emploi comme aux employés existants.

Un champ d’application qui dépasse le cadre de l’entreprise

La portée de cette nouvelle réglementation pourrait s’étendre au-delà du secteur privé. La loi a été conçue pour pouvoir concerner également « les établissements d’apprentissage, et notamment de lycées ». En pratique, un directeur de lycée pourrait, sous certaines conditions, demander un test de dépistage à un élève.

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« Si la personne concernée est mineure, à condition toutefois d’obtenir l’autorisation du tuteur légal ou à défaut du juge », a expliqué la magistrate en marge de l’atelier. Cette extension du champ d’application démontre la volonté des autorités d’adopter une approche globale pour lutter contre la consommation de stupéfiants chez les jeunes et les futurs actifs.

La question du financement, dernier obstacle avant l’application

La mise en œuvre effective de cette mesure reste suspendue à la publication des textes d’application. Ces derniers devront apporter des réponses concrètes à plusieurs questions pratiques, notamment sur les conditions d’exécution des analyses.

Quel type de laboratoire, public ou privé, sera habilité à réaliser ces tests ? Surtout, qui devra en assumer le coût ? Sur ce point, Mme Hindaoui a livré son analyse, estimant que la charge financière devrait incomber à l’employeur. « Le demandeur d’emploi recherche un travail pour gagner un salaire, il est difficile de lui demander de dépenser de l’argent pour valider son poste », a-t-elle fait valoir. La publication de ces décrets d’application, annoncée comme « prochaine », est donc l’étape décisive qui activera ce nouveau dispositif.

La sécurité au travail, un chantier en cours

Cet atelier a également été l’occasion de dresser un état des lieux plus général de la sécurité au travail. M. Mohamed Bendib, inspecteur régional du travail, a pointé du doigt les nombreux manquements encore observés, particulièrement dans le secteur du BTP. Il a toutefois nuancé ce constat en précisant que « les accidents graves et mortels sont heureusement relativement rares ».

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La majorité des infractions relevées par l’inspection concernent des défauts dans la prévention, la rareté des visites médicales d’aptitude ou le non-respect des normes relatives aux espaces de travail. « Nous constatons en général que les chefs d’entreprise ne connaissent pas la loi », a-t-il déclaré, appelant à une plus grande vigilance.

L’entrée en vigueur imminente de la loi 25-03 marque une étape significative dans la politique de prévention des risques en Algérie. En instaurant un test de dépistage obligatoire pour l’accès à l’emploi, les autorités espèrent créer un rempart contre la drogue dans les environnements professionnels et scolaires. Le succès de cette mesure reposera sur la clarté des textes à venir et sur l’équilibre trouvé entre l’impératif de sécurité et la protection des droits des personnes.