Alors qu’un mètre seulement les sépare des rangées des brigades antiémeutes assurant la protection du siège de la wilaya d’Oran, les étudiants gardent leur enthousiasme, avec une pointe d’ambiance festive, mais sans abandonner les slogans.
Hier matin, les étudiants des différents campus de la ville d’Oran, avec cette fois ceux de médecine qui se sont joints au mouvement, ont marché des kilomètres pour se regrouper devant la wilaya.
Aux slogans, certes habituels, fustigeant la perspective du 5e mandat pour le Président sortant, toujours hospitalisé en Suisse, ce sont d’autres slogans, cette fois en guise de feuille de route, qui ont été scandés par des centaines de jeunes : “Chaque jour une marche, nous n’arrêterons pas !”, “Ouyahia l’Algérie n’est pas la Syrie”, “Sans 5e mandat on sera mieux”. Sautant, sifflant, les étudiants, sous le soleil, ne faibliront à aucun moment face à un service d’ordre imperturbable, même lorsque les jeunes un peu taquins se mettront à chanter : “Policiers, souriez un peu.”
À l’évidence des ordres ont été donnés pour qu’aucune intervention policière ni charge ne se fassent. Et cela d’autant que les protestataires, eux aussi, tiennent à leur mot d’ordre “de marche et de mobilisation pacifiques et citoyennes”. Parmi ces étudiants, beaucoup estiment que le pouvoir en place, une fois de plus, les méprise avec cette volonté d’aller au bout du 5e mandat. D’autant que la lettre attribuée au chef de l’État a semé la confusion parlant d’un 5e mandat et d’élections anticipées juste après. “Qu’ils fassent tout de suite les élections anticipées sans lui”, lâche une jeune étudiante.

Pour autant, et alors que la contestation générale dure depuis 15 jours, dans des universités, des étudiants tentent de s’organiser avec des assemblées générales échappant ainsi aux organisations estudiantines traditionnelles proches du régime et de certains partis politiques. Pour les étudiants, il s’agit de trouver une solution à la structuration ou à l’organisation de la contestation afin de ne pas tomber dans le piège de l’usure. Parmi les pancartes brandies beaucoup montraient le marasme de l’Université algérienne vu la mauvaise place occupée dans les classements internationaux.
Dans l’après-midi aucun incident n’avait été enregistré.
Par LOUKIL D