La nouvelle farine destinée à la fabrication du pain boulanger, qui sera mise sur le marché à partir du mois de juillet prochain par le groupe public Eriad, devrait mettre fin au détournement de ce produit de large consommation et surtout réduire la facture des importations de blé qui a augmenté, selon les services des Douanes, de 17,66% durant le premier trimestre de l’année en cours.
Cette farine, qui sera subventionnée par l’Etat, est composée d’un mélange de 70% de farine de blé tendre et 30% de farine de blé dur, donnera, selon les concepteurs, un pain brun. Pour le porte-parole de l’Union générale des commerçants algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, ce nouveau label est une première solution pour régler définitivement le problème que rencontrent les boulangers dans la fabrication du pain. « C’est une qualité de farine nutritive qui répond d’ailleurs à la nouvelle tendance de consommation du pain brun qui reste meilleur que le pain blanc fabriqué à 100% à base de farine de blé tendre », a-t-il estimé. Chose que confirme le président de la Fédération nationale des boulangers (FNB), Youcef Kalafate. « C’est une bonne farine. Nous avons testé un échantillon et cela a donné un bon pain brun nutritif », précise-t-il Le nouveau produit sera disponible dans les 48 wilayas du pays avec un prix de vente estimé à 1.880 DA le quintal. Un prix qui permettra aux boulangers d’engranger un bénéfice de 120 DA par quintal comparativement à la farine classique dont le prix de vente est fixé à 2.000 DA le quintal. Selon Mme Djamila Ikhenache, PDG du groupe Eriad Alger, les boulangers peuvent ajouter à cette nouvelle composition les améliorants habituels. Détail important, « c’est une farine identique à l’actuelle sauf qu’elle ne peut être utilisée que pour la fabrication du pain boulanger ou traditionnel », explique-t-elle. En clair : « Cette farine ne peut être détournée par les fabricants de pizzas, de gâteaux traditionnels et surtout des pâtissiers comme ils le font avec celle de blé tendre subventionnée par l’Etat », précise Kalafate. En outre, la PDG d’Eriad Alger souligne que ce nouveau produit permettra de réduire de 30% le volume d’importation de blé tendre. Reste que pour le président de la FNB, rien n’est encore officiel concernant la mise en vente de cette nouvelle de farine. « Nous n’avons pas encore d’informations sur la date et la manière avec laquelle elle sera mise sur le marché pour couvrir les besoins des 28.000 boulangers », souligne-t-il. Une réunion a regroupé, dernièrement, les représentants des boulangers et le PDG du groupe Eriad pour justement évoquer les modalités de la mise en vente de cette nouvelle farine. Pour Mme Ikhenache, la vente de cette farine commencera le 1er juillet prochain. Mais pour Hadj Tahar Boulenouar, cette nouvelle composition ne mettra pas fin au gaspillage de pain. « Sur une production qui varie entre 40 et 45 millions de baguettes par jour, trois millions sont jetées à la poubelle », affirme-t-il. La solution ? « Il faut que les pouvoirs publics statuent définitivement sur le prix de la baguette de pain qui est vendue à 10 DA à travers le territoire national », préconise-t-il. Selon lui, l’Etat devra faire des efforts pour mettre fin à la subvention de la farine importée pour la fabrication de pain. Ce sont toutes les classes sociales qui en bénéficient, alors qu’elle est censée venir en aide à celles défavorisées. « Des experts en économie ont démontré que cette méthode de subvention n’est pas du tout une solution bénéfique pour l’Etat et le consommateur. Ils restent convaincus que le meilleur moyen d’aider les citoyens aux faibles revenus consiste à verser dans leurs salaires une pension de 5.000 à 6.000 DA destinée à l’achat du pain et du lait », explique-t-il.
M. Benkeddada