l semble que les opérateurs économiques algériens et russes s’ignorent totalement.
Les relations algéro-russes sont denses et stratégiques. Après plus de deux décennies de coopération essentiellement économique, à l’ère du communisme de l’Urss et du socialisme spécifique de l’Algérie, les deux nations ont mis genoux à terre, durant toute la décennie des années 90.
L’instabilité politique et sécuritaire en Algérie, l’écroulement de l’Urss en Russie ont fait que les deux nations s’étaient recroquevillées sur elles-mêmes. La baisse des prix du pétrole tout au long de cette même période n’avait pas arrangé les choses. Il fallait attendre l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en Algérie et Vladimir Poutine à la tête de la Fédération de Russie, pour que les deux pays retrouvent le chemin de la stabilité politique. Alger et Moscou n’ont pas tardé à engager un processus de coopération, tant politique, militaire que commerciale. Plusieurs visites d’Etat ont été effectuées d’un côté comme de l’autre. Les échanges diplomatiques ont connu une intensité remarquable et les deux pays ont travaillé à l’unisson dans de nombreux dossiers internationaux, à l’image de celui du nucléaire iranien où l’Algérie a été d’un apport certain aux côtés de la Russie, membre du Comité des six. Cette grande réussite, comme beaucoup d’autres, illustre la parfaite symbiose entre deux grandes nations qui retrouvaient leur place dans le concert des nations. Mais si au plan de la politique étrangère, l’ensemble des observateurs, russes comme algériens, atteste de l’utilité du modèle de partenariat algéro-russe, il serait difficile d’en dire autant sur le plan économique. En effet, les échanges entre les deux pays se font globalement dans le seul sens Russie-Algérie et concernent principalement un seul produit: l’armement. Même si les officiels des deux pays brandissent les 4 milliards de dollars d’échanges commerciaux pour 2016, il y a lieu de souligner que les exportations algériennes vers la Russie n’ont toujours pas dépassé les 8 millions de dollars, chiffre égalé en 2016.
Ainsi, plus de 17 ans après les «heureuses» retrouvailles, l’on n’a enregistré rien de palpable entre les économies des deux pays. L’Algérie n’a pas tiré profit du complexe militaro-industriel russe, malgré les milliards de dollars payée rubis sur l’ongle pour renouveler le matériel de l’ANP. L’embryon d’industrie militaire que le pays a initié ces dernières années n’est pas le fruit d’un partenariat avec les Russes, mais une «triangulaire» avec les Emiratis et les Allemands. Sortie du commerce d’armements, la coopération entre les deux pays s’est limitée aux énergies fossiles et à quelques petites initiatives sans réelle importance. Pourtant, la volonté de construire un partenariat économique date de plus de dix ans et annoncé par le président Poutine à Alger même, un certain 10 mars 2006.
Un accord sur les relations économiques a en effet été signé par le président russe et le président Bouteflika. Entre-temps, les Commissions mixtes de coopération intergouvernementale se succèdent et seule la facture d’achat d’armement russe par l’Algérie a gonflé. A côté d’une volonté politique de coopération multiforme, les responsables n’ont pas estimé important de rapprocher les communautés d’affaires des deux pays. Il semble que les opérateurs économiques algériens et russes s’ignorent au moment où leurs marchés respectifs profitent à d’autres acteurs étrangers.