Les Egyptiens ont voté, hier, pour le second jour sur une nouvelle Constitution, la participation à ce référendum étant déterminante pour le chef de l’armée qui ne cache plus ses intentions pour la présidentielle, au lendemain de heurts qui ont fait neuf morts.
Le “oui” devrait l’emporter facilement à l’issue de ce référendum qui s’apparente à un plébiscite pour le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort du plus peuplé des pays arabes, depuis qu’il a annoncé la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet.
Au premier jour du référendum, au moins neuf personnes ont péri en marge des manifestations des partisans de Morsi et 250 autres ont été arrêtées, alors que les partisans du président destitué ont appelé à boycotter le scrutin. Une bombe de faible puissance a par ailleurs endommagé la façade d’un tribunal au Caire sans faire de blessé, deux heures avant l’ouverture des bureaux de vote. La presse égyptienne, qui appelle unanimement à voter « oui », saluait hier matin le scrutin.
Le quotidien gouvernemental Al-Goumhouriya titrait : « Les Egyptiens font le choix de l’avenir », tandis que le journal indépendant Al-Masry Al-Youm assurait que « le peuple renouvelle la révolution dans les urnes ». La nouvelle loi fondamentale a été rédigée par une commission nommée par le gouvernement intérimaire que le général Sissi avait mis en place dès le 3 juillet, après avoir annoncé lui-même la destitution et l’arrestation de Morsi, premier président civil et le seul à n’avoir jamais été élu démocratiquement en Egypte.
Depuis, fort du soutien de l’opinion publique, le pouvoir dirigé de facto par l’armée réprime implacablement les partisans de Morsi, en particulier son influente confrérie des Frères musulmans. Plus d’un millier de manifestants ont été tués ces six derniers mois et la pro-Morsi emprisonnée par milliers, mais un petit nombre continue de manifester chaque jour. Parallèlement, les attentats se sont multipliés. Ils sont revendiqués par des mouvements jihadistes disant s’inspirer d’Al-Qaïda, mais le gouvernement, pointant du doigt les Frères musulmans, a décrété la confrérie « organisation terroriste ».
Ban Ki-moon appelle les Egyptiens à un référendum pacifique
Le secrétaire général de l’ONU »encourage tous les Egyptiens à assurer que la prochaine phase de la transition se passe de manière inclusive, transparente et pacifique », a indiqué avant le porte-parole de Ban dans un communiqué de presse. Les Egyptiens étaient appelés mardi et mercredi à voter par référendum sur le projet de nouvelle Constitution. L’Egypte est engagée dans une transition démocratique depuis la chute de l’ex-Président Hosni Moubarak à la suite de manifestations de masse en 2011.
En juillet dernier, l’ex-Président Mohamed Morsi a été destitué, la Constitution suspendue et un gouvernement intérimaire mis en place. Le référendum sur le projet de Constitution sera suivi d’élections législatives et présidentielle. Le porte-parole de l’ONU a souligné que le secrétaire général »exhorte les Egyptiens à exprimer leurs opinions de façon pacifique. Il continue d’exprimer le soutien des Nations unies à un processus mené par les Egyptiens eux-mêmes qui adhèrent aux principes démocratiques et qui garantit le respect des droits de l’homme de tous les citoyens de ce pays ».
Par Mustapha Chaouchi