Malgré la majorité écrasante du FLN, les autres partis auront leur mot à dire
La nouvelle assemblée jouera-t-elle enfin son rôle de chambre de débat?
Quelle place pour l’opposition dans la future assemblée? Le gouvernement veut-il en faire un contrepoids. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia dans un entretien accordé à notre confrère Liberté.
«Le FLN, notamment en tant que force prédominante, ne doit pas monopoliser la décision», a averti Ould Kablia. «Son succès est plus qu’un encouragement, il est synonyme d’exigence vitale pour accompagner et porter les réformes souhaitées par le président de la République», a-t-il indiqué. Toutefois, Ould Kablia assure que le débat doit également continuer en dehors du Parlement. «Les grands dossiers, les grands chantiers, les grands projets doivent être discutés avec tout ce qui peut être représentatif de la volonté populaire», atteste-t-il. «Élus de tous les niveaux, partis et associations, société civile, partenaires professionnels, économiques et sociaux ont leur mot à dire», ajoute-t-il. «C’est de cette seule manière qu’il sera possible de décider et de gérer les affaires du pays de manière consensuelle et positive», a-t-il expliqué.

Cette déclaration du ministre de l’Intérieur est une manière de dire que, malgré la majorité écrasante du FLN, les autres partis auront leur mot à dire sur la future Constitution du pays. Mais est-ce vraiment le cas?
En tout cas, le parti majoritaire, à savoir le parti du Front de libération nationale (FLN) va dans cette même logique. Quelques heures après l’annonce des résultats du scrutin, son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem rassure les partis de l’opposition. «Au FLN, nous croyons que le travail gouvernemental exige l’alliance de plusieurs forces politiques avec un bloc d’opposition au Parlement», a défendu Abdelaziz Belkhadem. «Cela facilitera la gestion des affaires publiques, les autres blocs qui formeront l’opposition contrôleront pour leur part l’action du gouvernement», a-t-il soutenu. Tout en indiquant que l’action parlementaire connaîtra à l’avenir de nouvelles expériences à la lumière des résultats des élections législatives qui ont donné naissance à une assemblée «mosaïque». C’est avec la même logique que Belayat Abderrahmane, ancien ministre et membre du comité central du FLN, voit la future APN.
Rencontré mercredi dernier, la veille des élections, au siège du parti, Belayat nous a révélé que le FLN est dans une vision qui ne supprime aucunement le rôle de l’APN. Tout comme la place de l’opposition. «L’opposition doit impérativement exister pour pouvoir critiquer le gouvernement et proposer autre chose que ce que propose la majorité», nous avait-il expliqué. Lundi, dans un communiqué, le FLN avait réitéré ses «assurances» aux partis de l’opposition quant au fait qu’ils auront leur mot à dire malgré la majorité qu’il a obtenue.
«Les défis qui attendent le pays exigent la conjugaison de tous les efforts pour les relever, à travers l’implication de l’ensemble des forces vives et des bonnes volontés afin de faire du prochain Parlement une tribune de débat constructif et libre au service de l’intérêt national», est-il écrit dans ce communiqué qui semble courtiser les partis de l’opposition.
Cet appel du pied du FLN est une manière de dire à la population que la future Constitution du pays se fera en concertation avec tous les Algériens. Le vieux parti se veut, donc, celui du rassemblement qui prendra en compte les opinions de tous les Algériens et pas seulement du peuple «FLN». C’est d’ailleurs ce que le parti avoue, à demi-mot, dans le même communiqué.
«Le FLN affirme son engagement à veiller à ce que le prochain Parlement s’acquitte des principales missions qui lui sont assignées, notamment celle d’oeuvrer à ce que la nouvelle Constitution du pays reflète les aspirations du peuple à davantage de liberté et de démocratie et au respect des droits de l’homme.» Même le secrétaire général de l’ONU s’est mis de la partie! Ban Ki-moon, a encouragé «le gouvernement algérien et tous les partis politiques du pays à coopérer de manière inclusive et pacifique pour contribuer à la mise en oeuvre des réformes politiques et constitutionnelles et renforcer le processus démocratique en Algérie».
Ces déclarations successives laissent donc présager un rôle de contrepoids pour l’opposition. Néanmoins, les observateurs estiment que ce sont des paroles en l’air. L’opposition a-t-elle les moyens de faire un contrepoids? Non, considèrent les observateurs parce que la majorité écrasante du FLN qui a obtenu 218 sièges, avec les 71 sièges du RND, ne laisse aucune place à l’opposition.
D’ailleurs, ils se demandent même si l’Assemblée a vraiment un rôle dans la prise de décision?