Nouvelle-Calédonie : Les affrontements se durcissent

Nouvelle-Calédonie : Les affrontements se durcissent

Le conflit s’enlise en Nouvelle-Calédonie, bloquant l’activité économique du territoire depuis une semaine.

Et les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se font de plus en plus violents.

Six mois après la crise aux Antilles, les pouvoirs publics craignent un embrasement de la région, réputée instable, et cherchent une sortie de crise.

Le leader en prison

A l’origine de la situation actuelle, le licenciement d’une employée de la compagnie aérienne Aircal pour laquelle le syndicat indépendantiste USTKE avait pris fait et cause, déclenchant une grève générale.

Le mouvement avait pris fin en juin, avec la signature par l’UTSKE d’un protocole d’accord.

Ce document, qui prévoyait le paiement des jours de grève, n’a toujours pas été entériné par la compagnie aérienne.

Mais ce qui a vraiment mis le feu aux poudres, c’est la condamnation à 12 mois de prison ferme, fin juin, du leader syndical Gérard Jodar, pour un coup de force à l’aéroport de Magenta.

Depuis, l’UTSKE multiplie les actions pour protester contre son emprisonnement.

«Aircal est un prétexte. Ce qui est fondamentalement recherché par l’USTKE, c’est créer de la tension», a estimé le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Yves Dassonville.

Le soutien de l’extrême gauche métropolitaine

Contrairement au FLNKS, l’USTKE, syndicat indépendantiste radical, ne s’inscrit pas dans l’accord de Nouméa.

Signé sous le gouvernement Jospin, celui-ci détaille un processus de décolonisation de l’archipel et doit aboutir, entre 2014 et 2018, à un référendum d’autodétermination.

Le syndicat indépendantiste est accusé d’utiliser le conflit d’Aircal pour exister politiquement. Proche de l’extrême gauche, il a obtenu le soutien total du NPA.

Selon son porte-parole Olivier Besancenot, «ce nouveau conflit se déroule dans un climat social dégradé par l’amplification des inégalités sociales et du chômage galopant pour les jeunes kanaks et wallisiens».

Comme José Bové, il accuse Yves Dassonville de «jeter de l’huile sur le feu» et dénonce «l’escalade de la répression policière».

Un discours repris sur place par le Parti travailliste, émanation politique de l’USTKE, qui appelle à la «poursuite de la mobilisation».

La crainte d’une contagion de la violence

Si le ton monte, la situation pourrait bien aussi dégénérer dans les faits.

Les affrontements ont déjà fait plusieurs blessés, autant parmi les forces de l’ordre que chez les manifestants, et les carabines de chasse sont désormais de sortie.

Les incidents ont par ailleurs gagné une cité du nord de Nouméa, Montravel, faisant redouter une contagion à d’autres cités périphériques, voire à l’intérieur des terres.

La jeunesse calédonienne ne tire pas vraiment profit du boum économique de la Nouvelle-Calédonie, généré par l’exploitation du nickel.

La secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, garde espoir.

Elle accuse l’USTKE d’être «dans une démarche d’affrontement systématique» et dénonce son «un refus du dialogue», mais veut croire, que les acteurs politiques locaux ont la «volonté de maintenir la stabilité politique».

«Je pense qu’on va trouver une solution, parce que personne n’a intérêt à enflammer de nouveau la Nouvelle-Calédonie», a-t-elle assuré.

Surtout à l’approche du référendum d’autodétermination. En attendant, elle a annoncé jeudi l’envoi d’un escadron supplémentaire de gendarmes mobiles.