Nouvelle alerte Nabni: les réponses du gouvernement ne sont pas à la hauteur de la crise

Nouvelle alerte Nabni: les réponses du gouvernement ne sont pas à la hauteur de la crise

n-ABDELKRIM-BOUDRA-large570.jpgLe collectif de Nabni juge que les mesures prises par les pouvoirs publics suite à la chute des cours du pétrole, ne sont pas à la hauteur de l’ampleur de cette crise. Cet expert précise que cette crise a deux volets : des problèmes structurels profonds couplés à une conjoncture des plus défavorables.

« A l’échelle de l’Algérie, les réponses doivent être systémiques et qu’elles prennent en considération l’ensemble des données qui posent problème. Aujourd’hui, nous avons une économie qui n’est pas compétitive, et un modèle rentier qui irrigue toutes les institutions », considère Abdelkrim Boudra porte-parole du think tank, lors de son passage, lundi 5 octobre 2015, à l’émission « L’Entretien » de ‘’Radio M’’ la webradio de Maghreb Emergent.

S’exprimant sur la dévaluation du dinar, Boudra juge la mesure « bonne », dans la mesure où « continuer à le soutenir (le dinar) porte préjudice à l’économie ». Il souligne néanmoins que le gouvernement se doit d’assumer les conséquences d’un tel glissement comme les pertes au change que subissent les opérateurs et l’inflation.

« Après, on peut assumer cette politique en disant qu’on a besoin de l’inflation parce qu’on doit revenir à des fondamentaux mais, qu’à côté, nous voulons soutenir une ambition d’investissements car c’est cela qui va nous permettre de nous en sortir ».

S’agissant de la mesure de réduction de 20% du budget d’équipement, le porte-parole du collège d’experts souligne que « cela signifie réellement 40 ou 50% du taux réel » sachant que souvent « on enregistre des taux d’utilisation des budgets relativement faibles ».

« Si on veut couper l’économie de tant de ressources, il faut sérieusement en envisager les conséquences », estime Boudra. Pour lui, opérer des coupes pour réduire la voilure de l’économie va poser de ‘’sérieux problèmes’’ au pays à moyen et long termes.

La vision du collectif Nabni à ce sujet est qu’il faut « sérieusement réformer », mais sans réduire l’investissement. « Si nous réduisons l’investissement, nous nous acheminons vers des creux à court terme ; or, l’ambition d’investissement doit être maintenue », observe le porte-parole du Collectif Nabni.

Dans le plan Abdaa (je commence!), Nabni a proposé d’arrêter l’ensemble des projets inefficaces qui ne sont pas porteurs d’une valeur ajoutée.

Le temps joue contre le gouvernement

D’autre part, jugeant que les transferts sociaux sont insoutenables et le plus souvent injustes, le porte-parole de Nabni invite le gouvernement à s’attaquer à cette problématique sérieusement à travers la rationalisation de la consommation interne en énergie.

Et aussi à travers une augmentation graduelle de tous les prix subventionnés, tout ceci couplé à un début de transfert monétaire direct, comme préconisé par Nabni mais aussi un cadre de la Banque mondiale.

« Si on voudrait donner du pouvoir d’achat aux catégories démunies, il faudrait commencer par des programmes pilotes même si cela prend du temps. Car, si on ne les fait pas maintenant (les réformes, Ndr) on perdra du temps et on ne répondra pas à la demande des catégories démunies dont on veut augmenter le pouvoir d’achat », observe l’invité de ‘’Radio M’’.

Aujourd’hui, même si les avis pour une sortie de crise convergent, il ne reste pas moins que le temps joue contre le gouvernement et le pays dont l’aisance financière n’est plus ce qu’elle était en 2011 et 2012, selon Boudra qui n’exclut pas que le pays recoure à l’endettement extérieur dans une année…option qui n’était pas envisagée il y a encore deux années.

Pour rappel, le collectif Nabni organise début novembre 2015 une rencontre en vue de restituer les échanges avec les experts à propos du plan Abdaa distribué à quelque 70 experts en Algérie et à l’étranger. Beaucoup d’entre eux ont réagi à travers des écrits.

Le think tank Nabni a proposé en 2012 que le gouvernement prenne des mesures simples à effet immédiat, sans lesquelles le pays ne peut s’engager sur des réformes plus ambitieuses. Celles-ci ont d’ailleurs été contenues dans le rapport Nabni 2020