Nouvel An,Une année s’en va

Nouvel An,Une année s’en va
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Nous importons tout, absolument tout, jusqu’à notre nourriture, jusqu’à nos médicaments, jusqu’à nos vêtements

Lorsqu’une année s’apprête à partir, il est de coutume pour ceux qui l’ont vécue d’en faire le bilan et de dire ce en quoi elle était ou n’était pas une bonne année.

La fin du monde prévue par les Mayas, ou plutôt par ceux qui ont prétendu avoir découvert le calendrier, n’ayant pas eu lieu, l’année 2012, et après avoir retenu son souffle, se prépare à s’en aller doucement, mais de manière définitive.

Lorsqu’une année s’apprête à partir, il est de coutume pour ceux qui l’ont vécue d’en faire le bilan et de dire ce en quoi elle était ou n’était pas une bonne année. Chacun à son niveau, évalue son année. Les nations à leur échelle, le font aussi. Que dire, en ce qui nous concerne, de cette année 2012 qui vit ses toutes dernières heures? En gros, on pourrait dire qu’elle fut une année quelconque du moment qu’aucun éclat n’est venu égayer le quotidien des Algériens. Pas de changements connus et, surtout, pas de changements en vue. Ceux qui ont accaparé le flambeau, refusent de le transmettre bien qu’ils s’attablent plus avec les morts qu’avec les vivants. La jeunesse? Un thème intéressant à débattre dans les salons feutrés des institutions ou sur les plateaux cirés à «treize épingles» d’une télévision qui, à l’image de ceux qui la font, refuse de changer, elle aussi, malgré la pluie de programmes concurrents qui tombent d’un ciel ouvert sur toutes les probabilités. Si l’on ne tient pas compte du discours politique qui se veut rassurant malgré tout, on peut dire que les bonnes nouvelles de cette années ne sont pas légion, c’est plutôt une succession de tracas qui ont donné une longue suite de grèves et de manifestations d’une colère qui dure. Si l’année passée, les Algériens avaient vécu, à distance, un printemps qui ne les concerne pas, en 2012, ils ont suivi, toujours à distance, les retours de manivelle d’une «révolution» chantée un peu trop au Caire et dansée un peu plus à Tunis. Ils ont collé aux événements et ont fini par se demander, parfois, si le problème arabe est celui de la démocratie. Est-ce vraiment le manque de démocratie qui nous empêche d’être comme les autres? Ou bien est-ce une manière sournoise de taire notre incapacité à ressembler aux autres?

LG Algérie

Les hommes ont bien vécu avant la démocratie et ils lui survivront sans doute, mais aucune nation n’a vécu sans travail et aucune ne le pourra. Or, notre problème à nous est celui du travail. Nous ne faisons généralement rien et lorsque nous faisons quelque chose, nous le faisons mal. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant, et c’est ce qui aggrave encore la situation. Depuis l’Indépendance, nous essayons de nous extirper de cette dépendance totale vis-à-vis du pétrole de notre sous-sol. Cinquante ans plus tard, cette dépendance n’en est que plus grande et si dans les années 1960 on pouvait se permettre de se laisser aller, c’est parce que les puits étaient à leur début d’exploitation. Aujourd’hui, nous n’avons plus ce luxe.

Les réserves du sous-sol commencent à s’épuiser sans que nous ayons fait quoi que ce soit pour garantir le développement du pays. Nous sommes devenus des champions de l’importation. Nous importons tout, absolument tout, jusqu’à notre nourriture, jusqu’à nos médicaments, jusqu’à nos vêtements. Quant à nos armes, nos avions et le reste, mieux vaut se taire. Et cette manie de l’importation a détruit tout instinct naturel de travail. Quand on veut du blé, on importe, lorsqu’on veut du sucre, on importe, lorsqu’on a envie de pastèques, on importe et, à ce rythme-là, dans quelques années, nous importerons le «hendi», ces figues de Barbarie si abondantes pourtant chez nous. Importer les véhicules en grand nombre comme nous le faisons, ne sert que les intérêts des entreprises productrices et l’économie des autres pays. Importer les médicaments, comme nous le faisons aussi, nous rend fragiles et vulnérables vis-à-vis des autres.

L’année 2012 n’a rien vu changer de tout cela, ni de tout le reste. En cette fin d’année, notre réalité demeure la même. Nos chaises sont toujours enduites de colle très forte qui empêche quiconque s’y asseoit de les quitter. Nos postes de responsabilité ont aussi cette maladie incompréhensible de tenir à ceux qui les occupent. Chez nous, lorsqu’on devient ministre, pour la majorité, on le devient pour la vie.

Lorsqu’on est directeur d’une entreprise ou d’une institution, on l’est aussi pour la vie. Lorsqu’on est responsable d’un parti, on l’est jusqu’à la mort. Un recteur d’université, ça moisit à son poste aussi, un responsable d’une organisation quelconque demeure responsable jusqu’à ce que Dieu veuille bien l’en soulager! En attendant, et pendant que tous ces responsables vieillissent et se trouvent dépassés au point de ne plus être capables de suivre, ni même de comprendre les changements qui surviennent autour d’eux, les jeunes, arc-boutés contre le mur extraordinaire de l’attente interminable, regardent les pétales de leur vie tomber une à une. Comme les gouttes d’une pluie qui serait venue pleurer leur sort. Les jeunes? Juste un thème à débattre, même en 2012, même à la fin de 2012! Pour la seconde fois en ce 2012, le FMI insiste sur la nécessité de reconsidérer notre manière de gérer notre économie. A 121 dollars le baril, notre besoin devient incroyable et… impossible, surtout avec les fluctuations de ce foutu baril! Que fera-t-on demain lorsque les recettes pétrolières ne suffiront plus à financer notre nourriture? Que fera-t-on dans le prochain avenir lorsque le prix du pétrole chutera ou lorsque la production chutera ou alors lorsque nos besoins augmenteront? Toutes ces éventualités ont une probabilité assez élevée. Irons-nous compter les véhicules importés pour nous consoler ou bien effectuerons-nous la danse des surpris autour des conteneurs insultants? Les nations ne se développent pas lorsque leurs enfants leur tournent le dos et ne regardent que leur ventre, la main dans la poche… du peuple! On ne développe pas son économie en peuplant les routes de voitures importées à coups de devises et on ne consolide pas son économie lorsqu’on en fait une issue de secours pour les entreprises qui échouent sur leur propre marché et dans leur propre pays. En cette fin 2012, nous continuons à être collés à la même place que celle que nous occupions avant l’histoire parce que nous ne savons pas planifier et, d’ailleurs, nous ne l’avons jamais voulu. Nous préférons vivre au jour le jour sans trop nous occuper de ce que sera demain. Malheureusement, demain ne semble pas gai. Alors là, pas du tout! Et, retenus par leurs chaises, nos responsables n’arrivent plus à se libérer pour voir ce qu’ils peuvent faire en cette fin 2012… Ailleurs, et si l’on excepte les moments de crise, lorsqu’une année s’en va, c’est pour éloigner davantage le pays des problèmes du quotidien et pour améliorer encore la vie des individus. Nous, on ne s’aperçoit pas tellement de ces fins d’années car elles se suivent et se ressemblent toutes. Mais Bonne année tout de même!