Les nouveaux statuts donnent les pleins pouvoirs au secrétariat
et marginalisent la Commission exécutive nationale.
Les syndicalistes des sept wilayas du Centre ont rejeté l’avant-projet des statuts et le règlement de l’UGTA tel qu’il a été soumis à la base et suspectent le secrétariat de l’UGTA de vouloir concentrer tous les pouvoirs de décision entre ses mains. “Nous n’avons jamais pensé que des principes fondamentaux concernant le fonctionnement de l’UGTA soient traités à ce point avec une telle légèreté, et cela, à la veille d’un congrès de l’organisation”, affirment des syndicalistes de la wilaya
d’Alger et de Tizi Ouzou.

Ils en veulent pour preuves les nouvelles dispositions introduites dans cet avant-projet, dont nous détenons une copie, et qui confèrent à la CEN un simple rôle d’observateur, mais aussi aux négociations des droits des travailleurs confinés aux réunions bipartites et tripartites. Le terme revendications, qui a été supprimé dans l’article 6, a soulevé la désapprobation de la base syndicale. “L’UGTA fonde son action sur la revendication, la négociation collective à tous les niveaux et ne se limite pas aux réunions des tripartites”, affirment les syndicalistes de la base, en réponse aux propositions du secrétariat. La nouvelle mouture, où le mot “grève” n’existe pas, va aller plus loin en soulignant que toute décision de création de fusion ou de dissolution d’une instance ou structure syndicale est prononcée par le secrétariat national, et non par la CEN. Le bouchon est poussé un peu trop loin lorsque le document souligne que “toutes les manifestations et célébrations de festivités doivent avoir l’aval du secrétariat de l’UGTA”. Des syndicalistes voient en cette nouvelle disposition une mainmise sur toute activité syndicale de la base et une porte ouverte à toutes les dérives. Autre disposition qui met la CEN à l’écart, c’est celle qui concerne le cumul de responsabilité syndicale que seul le secrétariat est habilité à traiter. La base repousse cette disposition en insistant sur le rôle de la CEN qui est la seule habilitée à traiter le sujet. L’article 35 de l’avant-projet nous plonge dans le sujet d’actualité qui fait polémique aujourd’hui et qui concerne le congrès. “Le congrès national est l’instance suprême de l’UGTA, il se réunit en session ordinaire tous les cinq ans. En cas de nécessité, la commission exécutive nationale peut prolonger la durée du mandat…” Le dernier paragraphe qui peut ouvrir la voie à des dérivations a été très contesté par les congressistes des wilayas du Centre. “Accepter cet article comme il est rédigé revient à consacrer l’anarchie au sein des structures syndicales. Sans cet article, les mandats sont souvent prolongés de deux, voire cinq ans. Que dire si cette disposition est maintenue ?”, s’interroge un syndicaliste de Tizi Ouzou. Autre innovation du secrétariat de l’UGTA visant à marginaliser la CEN est ce fameux article qui accorde à la commission exécutive qu’une seule réunion par an ou encore cet article 41 qui donne les pleins pouvoirs au seul secrétariat de l’UGTA d’établir les propositions et modalités d’élections au congrès national ou encore l’article 43 qui désocialise, une fois encore, la CEN dans la convocation d’un congrès extraordinaire. Les délégués du Centre rejettent la première disposition précitée en soulignant que cette mission relève de la commission exécutive nationale qui doit tenir compte du nombre de cartes d’adhérents placées. “L’article 43 est en contradiction avec l’article 42 car les membres du secrétariat peuvent neutraliser la volonté des deux tiers des membres de la CEN”, notent-ils dans leur document. Les syndicalistes de la base ne veulent pas non plus de l’article 46 qui donne le droit au vote aux secrétaires généraux des fédérations et des wilayas et qui font partie de la commission exécutive en qualité de membres “ès qualités”. “Ils peuvent siéger, mais sans voix délibérative, et ne sont pas éligibles”, observent les représentants des travailleurs. À noter que les observations faites par les 48 wilayas ont été traitées, hier après-midi, par la commission des statuts du 12e congrès lors d’une réunion tenue à Alger.
M. T