Quelle obédience prédomine chez la quinzaine de partis politiques en voie de constitution, heureux bénéficiaires du fameux sésame de l’Intérieur qui les laisse espérer s’inscrire ès qualités en compétition électorale ? A considérer les profils des leaders, sinon leurs parcours militants, pour ceux qui en ont, il est notable que ce sont les bannières islamiste et nationaliste qui tiennent le haut du pavé.
Dans la confusion des nouveaux sigles, redondance anagrammatique de quelques lettres de l’alphabet, il ne serait pas aisé pour le commun des Algériens de distinguer précisément entre les chapelles. Surtout si, dans leurs substances, les laïus viendraient à se décliner pareillement et à opérer de la même projection. Si ce n’est l’éternel couvre-chef immaculé et la barbe non imbibée de henné de son chef, le Front de Djaballah se confondrait bien avec le Front de Menasra ou encore celui de Benabdeslam. Trois fronts qui se proclament, sinon se réclament ouvertement, comme d’un acte de foi, de la mouvance islamiste. Abdallah Djaballah, l’homme aux échecs partisans répétés, ne se résigne pas à une prosternation devant la fatalité qui, jusque-là, ne lui a qu’hérissé le poil. Il s’aménage une nouvelle monture politique, dans la lignée des deux précédentes qu’il a eu à enfourcher : le Front pour la justice et le développement (FJD). Disciple de Djaballah à Ennahda, puis à El Islah, Djamel Benabdeslam érige également son front : le Front pour une Algérie nouvelle (FAN). Le troisième front du lot est à l’actif de Menasra Abdelamadjid, dissident du MSP. Cet ancien ministre, qui a maille à partir avec Aboudjerra Soltani, crée le Front du changement national (FNC). Ceci pour la partie visible de l’iceberg islamiste.
Dans le long chapelet de sigles partisans autorisés à réunir des congrès constitutifs, des ambitions islamistes pourraient bien se cacher. Héritage assumé de Wafa de Ahmed Taleb Ibrahimi, le Parti pour les libertés et la justice (PLJ) de Mohamed Saïd en est l’illustration. Ceci même si, ruse militante oblige, Mohamed Saïd s’innocente d’être islamiste. Pour le reste des postulants au portillon de l’Intérieur, excepté quelques figures comptabilisant un parcours militant visible, on ne sait pour la plupart à quelle sève idéologique ils sont nourris. C’est le cas du Front national pour les libertés (FNL) de Mohamed Zerrouki, du Parti national algérien de Youssef Hamidi, du Parti de la jeunesse démocratique de Salim Khelfa, etc. Des partis auxquels il n’est pas aisé de coller un identifiant idéologique, tant est que, embryonnaires, ils n’ont produit que des bribes de discours.
Mais on peut supposer qu’ils se mettront en mode nationaliste. Un mode fourre- tout très en vogue. En revanche, on distingue nettement les nouveaux partis qui postulent à élargir la sphère des partis nationalistes traditionnels. Entre autres, le Front national pour la justice sociale (FNJN) de Khaled Bounedjma, l’Union des forces sociales et démocratiques (UFSD), le parti Fedjr el Djadid de Tahar Benbaïbeche. Côté démocrates, on est très loin de l’essaim. Seules trois initiatives sont à cataloguer comme franchement démocratiques : l’Union des démocrates républicains (UDR) de Amara Benyounès, Jil el Djadid de Sofiane Djilali, voire aussi l’Union des forces sociales et démocratiques de Nourredine Bahbouh.
S. A. I.