Nouveau trafic aux frontières : L’or se barre

Nouveau trafic aux frontières : L’or se barre

On assiste depuis quelques mois à une nouvelle stratégie de lutte contre les contrebandiers menée par les gardes-frontières (GGF) et les troupes de l’ANP. Désormais, les forces de sécurité ont le droit d’user de leurs armes contre les trafiquants de drogue et les contrebandiers si ces derniers refusent d’obtempérer aux tirs de sommation.

Le Jeune Indépendant avait rapporté, lors de ses éditions précédentes, l’existence d’un trafic en vogue, celui de l’or qui s’échange contre du carburant à nos frontières. Les saisies d’or dans les villes frontalières du pays sont là pour le prouver.

A Tébessa, El- Oued, El-Tarf, Bordj Badji-Mokhtar, Tamanrasset, Tlemcen et Illizi, des quantités d’or non poinçonné ont été saisies par les services de sécurité lors d’opérations de contrôle, d’embuscades tendues aux contrebandiers et d’interceptions aux frontières. Un sérieux danger plane aux frontières algériennes.

Après les tentatives d’infiltration d’armes de guerre venues de Libye, voilà qu’un autre fléau menace, très sérieusement, l’Algérie. Il s’agit du prestigieux métal jaune. De grandes quantités d’or sont acheminées vers les frontières algériennes par des trafiquants libyens et tunisiens, cela en contrepartie de carburant, qui est écoulé en grandes quantités en Libye, en Tunisie, au Maroc et au Mali.

Pour preuve, les trafiquants ont eu l’idée ces dernières années, surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, d’échanger du carburant algérien contre des quantités d’or introduites par des trafiquants libyens et tunisiens sur le sol algérien. Selon des sources sécuritaires, plus de 1 000 kg d’or auraient été échangés entre les réseaux algériens et des trafiquants libyens et tunisiens.

A en croire ces sources, des familles libyennes sont contraintes, pour subvenir à leurs besoins alimentaires, de vendre leurs bijoux à des trafiquants qui les troquent contre du carburant algérien. Non loin de là, en Tunisie, les trafiquants de ce pays auraient transféré plus de 1 200 lingots d’or vers la France et ailleurs, dont l’Algérie.

Pour rappel, les gendarmes tout comme les policiers ont mis la main, durant ces derniers mois, sur des quantités très importantes d’or poinçonné. Les trafiquants font souvent fondre les lingots pour pouvoir les faire passer sans risques.

Autrefois, les réseaux de trafic libanais ciblaient les pays tels le Zaïre, la Côte-d’Ivoire et l’Afrique centrale, pour transférer de grosses quantités d’or aux trafiquants du Sahel. Désormais la tendance a changé avec le renversement du régime libyen. Les trafiquants ciblent les lingots d’or libyens qui font aujourd’hui le bonheur des réseaux mafieux en activité au Sahel. La situation est devenue très compliquée à la frontière algéro-libyenne. En plus de la circulation en masse d’armes de guerre, les lingots d’or font le bonheur des réseaux de trafic.

A Béchar, El-Oued et Illizi, les contrebandiers se sont enrichis. Les contrebandiers algériens acheminent presque tous les jours des quantités de carburant vers la Libye, malgré la forte mobilisation des GGF relevant de la Gendarmerie nationale.

En contrepartie, ils reçoivent des lingots d’or, nous explique une source sécuritaire digne de foi. Au début de janvier, en l’espace de trois jours, plus de 11 000 litres de carburant ont été saisis par les GGF à Béchar et El-Oued. Ces grosses quantités étaient destinées à la Libye et à la Tunisie. C’est dire que la lutte contre les trafiquants bat son plein aux frontières algériennes.

Chaque semaine, des convois transportant plusieurs milliers de litres de carburant à destination de la Libye sont appréhendés. Autrefois, c’était à Tlemcen et à Tébessa que le gros du trafic de carburant était concentré, mais depuis que des conflits ont éclaté en Libye, les contrebandiers ont opté pour ce pays voisin vu la grande demande exprimée.