Occupée, il y a tout juste une semaine, suite à la grande opération de relogement, la nouvelle cité des 3 216 Logements de Chaïbia, dans la commune d’Ouled- Chebel, à l’extrême sud de la wilaya d’Alger, plonge dans les ordures.
Grande surprise dès l’entrée du quartier, les bacs de déchets sont pleins et débordent de tous les côtés, les grands sacs noirs remplis de déchets jetés dans tous les sens, défigurent la beauté des espaces verts.
Les jeunes du quartier nous ont affirmé que les agents de nettoyage ne se sont pas présentés, depuis une semaine, l’entassement des amas d’ordures donne pratiquement l’image des vieux quartiers, où, devant chaque bâtiment, on trouve une véritable décharge publique. Issus des travaux de bricolage, où de déchets ménagers, les sacs continuent à s’amonceler dans les coins du quartier.
Les nouveaux occupants du site ont affiché pleinement leur mécontentement visà- vis des problèmes de la gestion de la cité, qui ne se limitent pas au niveau des déchets, mais aussi sur l’entretien des bâtiments, où beaucoup de problèmes se posent au niveau des canalisations d’eau, soulignent certains locataires.
UNE FAMILLE D’ASTHMATIQUES OCCUPE UN REZ-DECHAUSSÉE
Souffrant des suites des crises d’asthme, une famille de six personnes, toutes atteintes d’asthme, entassée dans un appartement au rez-de-chaussée, crie à l’aide. Habituée a la vie spacieuse dans leur «haouch », à Lavigerie, cette famille n’arrive pas à supporter ce logis au rez-de-chaussée, mais personne ne leur prête attention, et c’est pourquoi, ils nous ont confié leurs malheurs.
À l’intérieur, l’appartement est sombre, les fils électriques pendent du plafond, les toilettes sont inutilisables, les fuites d’eau sont récurrentes. Les fenêtres des deux chambres ne laissent pas pénétrer la lumière du jour, toutes couvertes, la mère de famille nous explique que les filles ne peuvent pas dormir à l’aise, on dirait qu’on est dans la rue».
D’après elle, ses enfants manquent d’aération, de lumière, et même d’espace, «les chambres sont très étroites, elles ne peuvent même pas contenir nos affaires», elle ajoute que l’appartement n’est même pas doté de placards pour ranger nos affaires. Signalons que cette famille est constituée de quatre filles et un garçon, la trentaine. Leur souhait est d’échanger cet appartement localisé au rez-dechaussée avec un autre au deuxième, ou au troisième étage pour pouvoir respirer l’air pur.
L’INSTALLATION DES PARABOLES ET CLIMATISEURS INTERDITS DANS LA CITÉ
Pour faire dans la surprise, les gestionnaires du site ont interdit l’installation des climatiseurs et des paraboles. C’est une première du genre pour les habitants, les paraboles et les climatiseurs sont désormais interdits sur les façades des immeubles de la cité, et ceux qui refusent de se conformer à cette mesure seront sanctionnés, selon un jeune du quartier, avec une amende de 10 000 DA. Pour ce faire, les gestionnaires du site proposent la TNT, dont la plupart des habitants des quartiers assurent qu’ils s’en fichent totalement de ces programmes, «on a que trois chaînes, qui diffusent pratiquement le même programme !»
Pour rappel, un projet d’un bouquet de télévision capté par Internet a été promis par le gouvernement et Algérie Télécom, il y a une dizaine d’années, pour lutter contre la prolifération des antennes paraboliques sur les façades des immeubles, mais qui n’a pas encore vu le jour. MANQUE FLAGRANT DE COMMODITÉS En effet, la nouvelle cité manque de commodités devant répondre aux attentes de ses nouveaux occupants, notamment en termes de gaz de ville, espaces commerciales, pharmacies, mosquée, dispensaire…
Ici, les gens qui ne possèdent pas de véhicules, se sentent complètement abandonnés, car il est difficile de se déplacer pour les achats, vu la distance qui les sépare des marchés et des différents commerces. Selon les jeunes du site, les locaux commerciaux n’ont pas été distribués, alors que la plupart des jeunes du quartier souhaitent en bénéficier, pour travailler. S’ajoute à cette situation, le manque de structures destinées pour la jeunesse locale, telles que maison de jeunes, un centre culturel ou encore une salle de sport. Quant au raccordement au réseau de gaz de ville, nos interlocuteurs assurent qu’ils ne sont pas raccordés au réseau, aussi cette situation est pénalisante pour les résidants qui sont contraints d’utiliser les bouteilles de gaz butane.
SEUL, LE TRANSPORT NE FAIT PAS DÉFAUT
Pour répondre aux besoins des nouveaux occupants, en matière de transports, de nouvelles lignes reliant des communes d’Alger à la cité Chaïbia ont été assurées par l’Entreprise (ETUSA), mais vu la lenteur de ces derniers, les habitants affirment que l’utilisation du train leur fait gagner beaucoup de temps. Mais, il n’empêche que beaucoup d’entre eux se réjouissent des nouvelles lignes ouvertes afin de permettre une meilleure mobilité des citoyens ce début de Ramadhan.
Il est à noter que les usagers du réseau transport urbain d’Alger ont à leur disposition la ligne 120 qui relie Aïn Benian à la cité Chaïbia (Ouled- Chebel) passant par Baba- Hassen, la ligne 121 de la Place des Martyrs vers la cité Chaïbia, ainsi que la ligne 122 qui assurera le transport entre El-Harrach et ladite cité. Une nouvelle navette reliant Diar-Saada (El-Madania) à Oued-Kniss passant par Riadh El- Feth a été également mise en exploitation.
Pour s’adapter aux besoins des voyageurs en matière de transport, une grille horaire, spéciale Ramadhan, a été appliquée dès le début du mois sacré. Ainsi, le service jour commencera à 5h30 mn du matin pour prendre fin à 19h20 mn avant l’iftar, et le service nuit reprendra à partir de 20h 40mn et ce jusqu’à 2h20mn pour la première quinzaine du mois et jusqu’à 02hmn pour la seconde quinzaine du mois sacré.
Le nombre de lignes service de nuit est passé de 16 à 35 lignes pendant tout le mois de Ramadhan. Mieux encore, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), avait annoncé dans un communiqué que les trains de la banlieue algéroise (Alger-Réghaïa et Alger-Blida) seront accessibles de nuit aux voyageurs pendant le mois de Ramadhan.
Ces lignes ont permis aux familles et aux jeunes de retrouver leurs amis et voisins, pour partager la joie et les nuits ramadanesques, jusqu’à des heures tardives. Pour rappel, les nouveaux habitants du cite de Chaïbia sont estimés a 1 089 familles, dont 505 sont issues des bidonvilles de la circonscription administrative de Zéralda, 302 de ceux de Birtouta (notamment de la commune de Ouled-Chebel), 193 des baraques «Deffous 2» de Chéraga, 34 familles originaires de Magharia (Hussein- Dey), 5 de Draria et 50 occupant le stade de Birkhadem. Il y a aussi des familles qui occupaient auparavant des terrains destinés à d’importants projets en souffrance, comme le logement à Ouled- Chebel, la ligne ferroviaire Birtouta-Zéralda et le stade de Birkhadem.
Amira Louni