Nouveau réquisitoire: Benflis sort la grosse artillerie

Nouveau réquisitoire: Benflis sort la grosse artillerie

Lors de son intervention à l’occasion de la quatrième session du Comité central de Talaie El Houriyet, qui s’est tenue, hier, et qui doit débattre, entre autres, des prochaines élections locales, Ali Benflis a tenu à rappeler «la gravité exceptionnelle de la crise et de l’impasse politique globale» qui touche l’Algérie. Le discours est rodé et le constat est le même, «accablant (…), s’aggravant de jour en jour». L’ex-chef du gouvernement s’interroge sur la volonté et la capacité du régime d’engager «les réformes structurelles indispensables» pour sortir d’une «crise politique et institutionnelle majeure» à cause de «la vacance du pouvoir au sommet de l’État». Une absence au gouvernail «qui a entraîné le délitement des institutions, une crise de représentativité et, plus grave, de légitimité à tous les niveaux», expliquera-t-il.

Benflis reviendra sur les derniers événements vécus en haut lieu, un «basculement sans précédent», constatant le déplacement du centre du pouvoir eu égard à «l’immixtion de forces extraconstitutionnelles dans le processus de décision national, leur pouvoir croissant et l’illégitimité qui les entourent». Le parti impute au régime le marasme économique et social, quels que soient les discours développés, constatant par ailleurs leurs graves incidences sur la stabilité du pays. Le réquisitoire du président de Talaie El Houriyet est sans concessions, évoquant «une lutte des clans politico-financière» qui remet en cause les responsabilités nationales de l’intérieur même du régime et qui lézarde «leurs légitimités de façade».

Il reproche au régime cette inertie qui ne prend pas la pleine mesure de la gravité de la situation ni «n’apporte de véritables réponses» à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays. L’intervention de Benflis est sans équivoque faisant le procès d’un régime politique «bâti sur le clientélisme et le népotisme» incapable «de fédérer les Algériennes et les Algériens autour d’un projet politique véritable, d’un projet de société». Il l’accuse de faire de «l’affairisme et du clientélisme» les soubassements de sa vision économique.

«Il ne peut répondre au marasme social quand il use du chantage à la stabilité pour justifier le statu quo et acheter la paix sociale au détriment de l’avenir du pays et des générations futures». Quant à une éventuelle sortie de crise, le patron de Talaie El Houriyet la conditionne au préalable à un règlement de la crise politique. «Notre priorité est la crise politique globale et nous pourrons par là même régler toutes les crises qui en découlent», expliquera-t-il. Mais pour cela, il ne voit d’autres voies que celles du dialogue, «il n’existe pas d’autres solutions que le dialogue véritable entre toutes les forces vives de la Nation».

Un dialogue auquel son parti appelle, «pas un dialogue qui nourrirait le statu quo et qui servirait de faire-valoir au régime actuel», précisera-t-il. L’homme tiendra à rappeler la teneur de son plan de sortie de crise, en estimant que le règlement de la crise politique globale qui «est une crise de régime» ne peut se faire qu’à travers «des élections propres, transparentes et légitimes (…) sous le contrôle exclusif d’une véritable commission indépendante».

Une démarche qui suppose «la refondation et la modernisation de notre système politique dans son ensemble», «la mise en œuvre de réformes profondes visant à la consécration d’un véritable Etat de droit», «une justice indépendante et égale pour tous», «une moralisation incontestable de la sphère publique et un respect véritable de l’intérêt général», «une consécration réelle de la liberté d’expression et du droit de penser autrement» et «la mise en œuvre de véritables réformes économiques et sociales». Quant à ceux «qui pensent que la stabilité politique telle que vendue par le régime actuel est une garantie pour la stabilité du pays», Benflis leur répond qu’ils «se trompent et se trompent lourdement», expliquant que l’unique garantie est à chercher dans «la cohésion nationale» qui tire son essence «de la Déclaration du 1er Novembre».

Le président du parti passera en revue les propositions de Talaie El-Hourriyet aux Algériens, «une alternative véritable au statu quo et à l’immobilisme», affirmant que le parti «s’indignera toujours contre l’injustice, la hogra, le népotisme et le clientélisme. Et nous continuerons à le faire. Talaie El-Houriyet a toujours défendu une alternative politique au régime actuel, qui repose sur la modernité politique, la rénovation économique et la réforme sociale. Et nous continuerons à le faire». Tout un programme électoral à s’y méprendre.