Nouveau repos hebdomadaire : Les Algériens perdent la boussole

Nouveau repos hebdomadaire : Les Algériens perdent la boussole

Les enseignants universitaires sont appelés à travailler le samedi matin. Les banquiers le vendredi matin. Certaines entreprises économiques privées maintiennent leur repos hebdomadaire pour les jeudi et vendredi.

C’est le cas du groupe agroalimentaire La Belle qui n’a pas basculé dans le nouveau week-end. Dans le secteur de l’éducation, les élèves du secondaire sont sortis dans la rue pour protester contre la surcharge de l’emploi du temps. Une surcharge qui a un rapport direct avec le nouveau week-end de deux jours pleins. La suppression d’une demi-journée de travail pour certains et d’une journée complète pour d’autres a fortement perturbé l’organisation du travail au sein de plusieurs secteurs. Déroutés, désemparés et confus, les Algériens n’arrivent plus à suivre cette nouvelle organisation du repos hebdomadaire, deux mois après sa mise en application. Prise dans le but de réduire le coût du week-end algérien (jeudi-vendredi) appliqué depuis 1976, la décision du gouvernement de passer à un week-end semi-universel (vendredi-samedi) semble ainsi déplaire à plus d’un.

Nombre d’observateurs voient d’un mauvais œil cette demi-mesure du gouvernement qui n’a fait que bousculer les habitudes des Algériens sans pour autant répondre aux impératifs économiques, surtout aux exigences du commerce extérieur. Ainsi, le gouvernement n’a pas osé toucher au vendredi chômé, défendu avec ardeur par le courant islamiste.

Depuis cette concession (abandon du week-end universel) faite en 1976 par feu Houari Boumediène, l’année où il institua l’Islam religion d’Etat, l’islamisme ne cesse de gagner du terrain et de dicter la marche à suivre aux Algériens. C’est cette réalité politique d’une société où l’intégrisme religieux semble avoir encore de beaux jours devant lui, qui a contraint l’Etat à se contenter du peu, au lieu de régler cette question une bonne fois pour toutes en passant au week-end universel comme l’ont déjà fait avant nous d’autres pays du monde arabe.

Le Maroc, la Tunisie et récemment la Libye ont adopté le week-end universel pour le bien de leur économie. Le Koweït, les Emirats arabes unis et Bahreïn l’ont également fait. Voulant se distinguer, la Syrie a opté pour un week-end d’un jour, le samedi. L’argument religieux qu’on a toujours brandi et qui sert d’alibi – alors que la prière et les prêches du vendredi ne nécessitent qu’une portion infime de temps – ne s’est pas posé pour ces pays musulmans.

Le débat sur le retour au week-end universel date de plusieurs années. Plusieurs experts nationaux et étrangers ont appelé les autorités du pays à opter pour le week-end universel. Ce décalage, estiment certains experts, engendre des pertes de l’ordre de 1 à 5 millions de dollars par jour, ce qui représente environ 500 à 700 millions de dollars de pertes par an.

D’autres estimations de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) indiquent que l’Algérie perd chaque année près d’un milliard de dollars, pour cause de décalage entre le congé hebdomadaire local et le week-end universel. Même si l’intégration de l’Algérie dans l’économie mondiale reste faible, ce décalage rendait difficile les transactions et les opérations financières avec les partenaires étrangers. Mais en voulant régler à moitié ce problème, le gouvernement en a créé d’autres…