D’ajournement en renvoi, ces procès ont fini par créer une lassitude au sein de l’opinion
D’ajournement en renvoi, les procès des «Affaires» ont fini par créer une lassitude au sein de l’opinion qui se désintéresse totalement du «suspense».
Sitôt commencé, aussitôt reporté. Les procès des «Affaires» qui ont un temps passionné l’opinion publique se suivent et se ressemblent tous. Affaire Khalifa, affaire Sonatrach 1 et, cette semaine, affaire de lautoroute Est-Ouest ont un dénominateur commun: la promptitude avec laquelle la défense requiert et obtient un renvoi, pour diverses raisons. En l’occurrence, s’agissant de la dernière affaire, les avocats ont tout d’abord introduit une demande de présentation du procureur de la République près la cour d’Alger, du juge d’instruction et des éléments de la police judiciaire, en qualité de témoins, demande rejetée comme il se doit par le juge en charge du dossier qui l’a considérée «irrecevable».
Comme aussi, la récusation de la constitution en partie civile du Trésor public aura constitué une nouvelle manoeuvre de diversion du fait même que la question introduite en mars dernier avait été tranchée. Que restait-il, hors toutes ces manoeuvres dilatoires, pour que le procès des 16 accusés et des sept entreprises étrangères impliquées ait effectivement lieu? D’abord une tentative de transformer le procès en une tribune des droits de l’homme, les avocats français et luxembourgeois «informant» le tribunal de la saisine de plusieurs organisations européennes et internationales sur les «atteintes» et les «dépassements subis par leur client».
Le jeu des procédures est alors ouvert et rien ne dit qu’à ce rythme, les vraies questions seront abordées de sitôt. Surtout que, faute de voir ses demandes prises en compte, la défense a fini par «se retirer», façon d’étayer ses arguments quant à la «nullité» des «actes préparatoires», c’est-à-dire des actions judiciaires qui ont conduit à cette affaire. Des avocats, autorisés à titre exceptionnel par le bâtonnier d’Alger à plaider, ont planté leurs banderilles jusqu’à menacer le tribunal de représailles. Même s’il s’est excusé le lendemain, Bourdon est un farouche adepte du «qui-tu-qui» et a causé un tort considérable à l’Algérie durant la décennie noire.
Pour le conduire à l’impasse, il a reproché au tribunal de n’avoir pas communiqué, dans les délais la liste complète des témoins dont 12 sur les 27 inscrits étaient toujours absents.
16 personnes sont impliquées dans cette affaire, dont une en fuite et quatre en prison, en plus de sept entreprises étrangères, à savoir Citic-Crcc (Chine), Cojaal (Japon), SM Inc (Canada), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal).
D’ajournement en renvoi, ces procès ont fini par créer une lassitude au sein de l’opinion qui se désintéresse totalement du «suspense», convaincue qu’au bout du compte, «le procès va traîner en longueur pendant plusieurs mois, sinon plus».
L’incrédulité face à l’absence de nombreux témoins dont l’éclairage constitue une pièce maîtresse de ce théâtre d’ombres plus riche en questions qu’en réponses avérées.
Les larmes du principal accusé, Chani Medjdoub, apparemment surpris par la démarche de ses avocats étrangers, en disent long sur le psychodrame qui se joue. Qui peut dire comment les choses vont évoluer et si la justice pourra sereinement suivre son cours? Les entraves vont encore être nombreuses car les avocats n’ont qu’une idée en tête, politiser le procès et mettre en évidence les lacunes supposées des enquêtes pour, au moins, semer le doute dans les esprits quant à une culpabilité de leurs clients. Culpabilité qu’ils récusent en montrant du doigt d’autres pistes, dont nul n’est en mesure de préjuger la dérive effective dans cette affaire d’atteinte aux intérêts du pays. Mais qui a dit que les absents ont toujours tort?