Nouveau procès pour les meneurs du « printemps de Bahreïn »

Nouveau procès pour les meneurs du « printemps de Bahreïn »

La justice de Bahreïn a ordonné la tenue d’un nouveau procès pour 21 hommes condamnés pour leur rôle dans le soulèvement démocratique de l’an dernier, geste que l’opposition a jugé insuffisant pour mettre fin à la contestation.

Parmi les condamnés figure l’opposant Abdoulhadi al Khawadja, en grève de la faim depuis près de trois mois.

L’agence officielle BNA précise qu’ils resteront en détention dans l’attente de leur procès en appel.

Leurs familles et les mouvements de défense des droits de l’homme réclament leur remise en liberté sans condition. « Cette décision n’est qu’un pas dans la bonne direction, mais le calme ne reviendra pas tant que tous les détenus n’auront pas été libérés », a déclaré Sayed Hadi al Moussaoui, membre de la direction du Wefaq, principale formation de l’opposition chiite.

Les 21, qui ont été condamnés par des tribunaux militaires pour avoir organisé le mouvement de contestation de l’an dernier, comparaîtront cette fois devant des juridictions civiles.

Ils étaient poursuivis pour avoir « formé un groupe terroriste avec l’intention de renverser le système de gouvernement » et collaboré avec une puissance étrangère, l’Iran, même si la république islamique n’a pas été formellement nommée.

Huit d’entre eux ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. C’est le cas d’Abdouladi al Khawadja, d’Hassan Mouchaïmaa et d’Abdoulwahhab Hussein, qui ont pris position pour l’instauration d’une république à la place de l’actuelle monarchie des Al Khalifa, la famille régnante issue de la minorité sunnite.

Selon le rapport d’une commission d’enquête internationale sur la répression des manifestations rendu public en novembre dernier, ils seraient parmi les centaines d’activistes torturés lorsque la loi martiale était en vigueur.

Cette commission avait été mise sur pied et financée par le gouvernement bahreïni pour enquêter sur les troubles nés du « printemps arabe », les plus graves qu’ait connus le royaume depuis les violences politiques du milieu des années 1990.

La contestation, essentiellement animée par la majorité chiite qui se dit victime de discriminations politiques et économiques, a été réprimée au prix de dizaines de morts et d’arrestations.

Mais le mouvement de colère n’a jamais vraiment cessé et la tenue, il y a un peu plus d’une semaine, du Grand Prix de Formule Un à Bahreïn a relancé les manifestations contre le régime.

Mardi dernier, la famille d’Abdoulhadi al Khawadja s’était dite inquiète pour son état de santé. Son épouse a déclaré ce week-end qu’il avait été nourri de force, ce que les autorités ont démenti.

« Nous voulons dire clairement que le patient n’a pas été nourri de force ni soumis à un traitement contre sa volonté », a affirmé la direction de l’hôpital militaire de Bahreïn où il est détenu.

« Il a pris volontairement des compléments nutritifs et lorsque son taux de glycémie a considérablement chuté aujourd’hui (ndlr, dimanche), ses médecins ont demandé et obtenu son consentement pour lui placer une sonde gastrique. A aucun moment il n’a été drogué ni maîtrisé », ajoute le communiqué de l’établissement.