Nouveau modèle économique: Avis d’experts

Nouveau modèle économique: Avis d’experts

Sur le plan commercial, il s’agit d’établir des normes pour les produits algériens, de mettre en place une centrale d’achats, d’élaborer une politique de lutte contre l’informel et un plan d’investissement.

Des experts en économie estiment que le nouveau modèle économique que le gouvernement compte mettre en place prochainement doit introduire des mécanismes à même de renforcer la croissance économique en améliorant le revenu national et, par conséquent, celui des ménages. « C’est l’objectif de tout modèle économique », a souligné le professeur M’hamed Hamidouche, enseignant-chercheur à l’institut d’optique et mécanique de précision de Sétif. Il a fait savoir qu’avant d’opérer un nouveau modèle de croissance économique, il est primordial de définir la situation dans laquelle se trouve le pays. « Nous entendons parler d’une crise économique et d’une crise financière alors que l’Algérie ne se trouve dans aucun de ces cas », a-t-il dit, en expliquant que la crise économique sous-entend que le taux de croissance est négatif et inférieur au niveau zéro pendant deux trimestres à deux années consécutives. Pour ce qui est de la crise financière, celle-ci est déclarée lorsqu’il y a défaillance du système. « Nous ne sommes pas dans ces situations », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « il faut avoir un bon diagnostic ».

Selon lui, le problème du pays réside dans le fait qu’il est mono-exportateur. Ce qui a engendré la réduction des recettes. Devant cette situation, le professeur avance l’impératif de revoir la politique budgétaire. Il recommande, dans ce cadre, d’apporter des changements à la comptabilité publique en amendant la loi 84/17 définissant les modalités de présentation des lois de finances et du règlement budgétaire. « Cette loi a été promulguée dans un contexte socialiste », a-t-il indiqué ajoutant qu’il est également nécessaire de valoriser le dinar par rapport à la devise.

« Il n’est pas normal que la valeur du dinar reste quasiment la même alors que les réserves sont réduites de près de 40%. Cela veut dire que le soutien est apporté au pouvoir d’achat alors qu’il doit être destiné à l’économie à travers la promotion des exportations », a-t-il fait remarquer. Notre interlocuteur ajoute que tout modèle économique est basé sur cinq axes : la consommation, l’épargne, l’investissement, la fiscalité et la balance commerciale. Selon lui, le gouvernement devra agir en premier lieu sur la rationalisation de la consommation. « Il faut revenir au système des prix réels des produits pour mettre un terme au gaspillage », a-t-il recommandé, soulignant l’importance également de créer des banques spécialisées et d’aller vers d’épargne extérieure.

Le professeur prône, en outre, la création d’un observatoire de compétitivité et l’élargissement de l’assiette fiscale pour toucher aussi bien le revenu, la consommation que la propriété. Sur le plan commercial, il s’agit d’établir des normes pour les produits algériens, de mettre en place une centrale d’achats, d’élaborer une politique de lutte contre l’informel et d’un plan d’investissement.

Mustapha Mékidèche, économiste et vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), a souligné, de son côté, que ce nouveau modèle doit aligner des moteurs qui permettront à la fois « de financer le développement et de soutenir la croissance ». En d’autres termes, l’expert soutient qu’il va y avoir une consolidation de la politique de réindustrialisation, de la relance des services, y compris ceux lié au tourisme, aux nouvelles technologies de l’information et de la communication et à l’agriculture. Il faut également soutenir l’émergence du secteur privé « pour qu’il soit de plus en plus dynamique, ce qui lui permettra de sortir du caractère marchand pour aller vers un caractère productif ». Pour ce faire, a-t-il souligné, il faut améliorer le climat des affaires. Mékidèche se dit, d’autre part, favorable à la réforme du système de redistribution, y compris le modèle de consommation énergétique, et ce, pour endiguer le gaspillage.

La conquête des marchés extérieurs, à commener par la substitution des importations, est l’autre étape, d’après lui, à franchir. « Le gouvernement est obligé d’opérer ces changements d’autant que les recettes des hydrocarbures ne pourront plus financer les transferts sociaux, les biens de consommation et assurer la couverture énergétique nationale ». Il plaide également pour une « justice fiscale » et pour un système bancaire plus « réactif ».