Les rumeurs à propos de la formation du prochain gouvernement donnent tour à tour comme premier ministre Abdelmalek Sellal, Abdelaziz Belkhadem, Tayeb Louh, Amar Ghoul et Ahmed Ouyahia.
Ces rumeurs qui n’arrivent pas à se fixer sur un nom bien précis ou tout au plus sur deux noms attestent en fait, qu’en vérité on ne sait rien du tout. Bientôt un mois sera passé depuis la tenue des législatives du 10 mai, et à ce jour les observateurs peinent à décrypter les signaux que s’efforce de délivrer une scène politique immergée complètement dans un halo opaque.
Le désarroi qui touche les analystes se reflète dans cette disposition d’esprit à avancer une hypothèse et son contraire. L’évocation de plusieurs noms à la fois trahit la difficulté à donner un sens aux résultats des élections législatives du 10 mai dernier. Le FLN a vaincu, mais c’est le chef du RND, dont le parti est sorti affaibli qu’on donne comme Premier ministre, donc Ouyahia, maintenu à son poste.
Le MSP a enregistré une débâcle qui confirme le reflux du courant islamiste, à l’opposé de ce qui se passe dans le Maghreb et le monde arabe, mais Ghoul, le « ministre de l’autoroute » pour paraphraser la dame de fer du PT pourrait bien remplacer Ouyahia.
Abdelaziz Belkhadem, figure non consensuelle du FLN, qui a eu à présider déjà le gouvernement, serait donc de retour. Il reste Abdelmalek Sellal et Tayeb Louh, qui sont deux figures qui ont su cultiver un préjugé positif auprès des sphères dirigeantes, sans plus. Mais allez trouver une lecture politique à ce choix opéré par les rumeurs.
En quoi Ouyahia, Belkhadem et tous les autres peuvent incarner ce moment de rupture, ce 1er Novembre tant promis par le président de la République ? En fait cet impossible décryptage des résultats des élections est aggravé par la confusion qui frappe actuellement les partis politiques.
Alors que sous d’autres cieux, le parti vainqueur est normalement celui qui donne la preuve de sa bonne santé, chez nous, cette règle n’a aucune pertinence. Le FLN est en proie à une crise qui, probablement, va encore s’étaler dans le temps. Le FFS, qui revient d’une longue absence, a du mal à capitaliser sa participation, lui qui a insisté sur la «remise du mouvement dans le statu quo». S’il ne parvient pas à arracher des gains politiques dans les prochains jours, on voit mal comment le parti d’Aït Ahmed va maintenir son «soutien critique» au gouvernement.
Le cas du FNA évoque d’une manière crue l’emprise de plus en plus accrue de l’argent sur la vie partisane. La campagne électorale pour les législatives a donné lieu parfois à une compétition serrée entre gros bonnets tenus d’alimenter en argent le compte de partis pour peu qu’on leur taille une stature de tête de liste. Ce vendredi, il y a eu bagarre au siège national du FNA à Alger.
Les frondeurs ne sont pas venus remettre en cause les options politiques de Moussa Touati mais pour lui demander où est parti l’argent de la campagne. C’est grave. Cela étant, un groupe d’élus protestataires, a décidé d’ériger une APN «parallèle» pour dénoncer la fraude électorale. Ce qui atteste que l’opposition ne partage pas les mêmes appréhensions quant au recouvrement de ses droits, si tant est que ces derniers sont fondés.
Belkacem Laoufi