«Nous n’avons pas besoin de ces résidents! Ramenons des médecins du Mali et du Niger…» (député)

«Nous n’avons pas besoin de ces résidents! Ramenons des médecins du Mali et du Niger…» (député)

« Nous n’avons pas besoin de ces résidents ! Nous n’avons qu’à ramener des médecins du Mali et du Niger…».

L’auteur de cette étrange demande est un député de la wilaya Tamanrasset, dans le sud algérien. Ce dernier a profité de la réunion de la « commission des sages » chargée de débattre de la question du service civil, pour en faire part solennellement auprès du ministre de la Santé Djamel Ould Abbes.

Rapportée par des médecins résidents lors d’un rassemblement tenu ce mercredi 25 mai devant le siège du ministre sur les hauteurs d’Alger, la proposition de cet élu a choqué plus d’un.

« Il a fait cette proposition l’a dit en présence du président de la commission et de cadres centraux du ministère(…) C’est un faux élu…N’est pas élu celui qui touche à l’unité nationale », s’offusque dans une déclaration à DNA un représentant du collectif autonome des médecins résidents algériens.

« Nous sommes scandalisés par ces propos qui portent atteinte à l’unité nationale », ajoute-t-il.

En grève illimitée depuis le 28 mars, les blouses blanches ont observé un sit-in silencieux. Brassards noirs, en signe de deuil, les protestataires dénoncent le refus du ministère d abroger le service civil auquel ils sont soumis pendant une période de 1 à 4 ans.

Suppression du service civil : instabilité au sud de l’Algérie

Bien qu’ils aient pu arracher un nouveau statut, le bras de fer continue. La réunion de la première journée de la commission service civil organisée lundi 23 mai au ministère de la Santé a tourné à la menace et au chantage.

Lors de la séance, les délégués du collectif ont défendu la nécessité d’abroger le service civil et de le remplacer par des postes budgétaires accompagnés de mesures incitatives, selon le compte rendu de la première journée de discussions.

Les autres membres de la commission (professeurs, cadres et élus) ont soutenu la nécessité de garder le service civil, argumentant par la nécessité d’une couverture sanitaire, le risque d’une révolte populaire et d’une instabilité au sud de l’Algérie.

En direction des grévistes, ces derniers les ont menacés de supprimer définitivement la commission service civil si les résidents persistaient à maintenir leur position initiale.

Par contre, dans le cas où les résidents décideraient du maintien du service civil, la commission continuerait à siéger pour la négociation des mesures incitative dans un délai de 2 mois négociable.

Inquiétudes des résidents

Les délégués des médecins résidents devraient consulter leur base prochainement pour décider de l’avenir de leur mouvement.

Cependant, ils restent convaincus qu’ils sont pris en otage entre le ministre et des notables qui siègent au sein de la commission.

Ils sont d’autant plus inquiets que « tous les membres de la commission des sages (professeurs, cadres et élus) convergent vers le maintien, voire la prolongation des années du service civil », soutient un membre du collectif.

Ce que le ministre de la Santé concède

Le ministre de la Santé Djamel Ould Abbes, cité par APS, a estimé ce mercredi lors de la cérémonie d’affectation des nouveaux spécialistes que les salaires des nouveaux médecins spécialistes exerçant dans les Hauts-Plateaux, dans le sud du pays et dans les régions enclavées dépasseront 80 000 DA (environ 800 euros).

Les nouveaux salaires atteindront 84 000 DA contre 44 000 DA auparavant, indique le ministre. C’est-à-dire le double.

Les médecins spécialistes bénéficieront de mesures incitatives financières « importantes » et de la disponibilité de services techniques dans les établissements hospitaliers.

Le ministère s’est engagé auprès de ces spécialistes, au nombre de 1 126, à mettre à leur disposition des logements de fonction après accord avec les chefs de daïras et les walis.

En vertu du nouveau statut des médecins résidents, ces derniers percevront désormais une rémunération calculée sur le salaire global du praticien spécialiste de la santé publique.

La rémunération sera donc de 80% pour le résident de 1ère année, 85% pour le résident de 2ème année, 90% pour le résident de troisième année et 95% pour celui de la 4ème et 5ème année. Bonus, le tout sera versé avec un effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008.

Le salaire actuel de médecins résidents, 8000 sur le territoire national, ne dépasse pas 32 000 dinars (320 euros) alors que le Smic est de 15 000 dinars (150 euros).