« Nous autres », Amin Khan et Saïd Djaafer à l’honneur du premier café littéraire du FFS à Alger

« Nous autres », Amin Khan et Saïd Djaafer à l’honneur du premier café littéraire du FFS à Alger
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“Nous autres”, Amin Khan et Saïd Djaafer à l’honneur du premier café littéraire du FFS à Alger.

L’écrivain Amin Khan et le journaliste Saïd Djaafer, deux des contributeurs de l’ouvrage collectif “Nous autres”, ont été les premiers invités du nouveau café littéraire du FFS (Front des Forces Socialistes) tenu jeudi 30 mars au siège de la fédération d’Alger en présence des militants du parti et d’autres présents.

Coordonné par Amin Khan et publié en octobre 2016 à l’occasion du salon international du livre d’Alger, le livre propose des “éléments” pour un manifeste de l’Algérie heureuse” sans prétendre en être un. Des journalistes, des médecins ou encore des historiens ont contribué avec des textes écrits sur la base de leurs compétences dans leurs domaines et de la façon la plus libre possible.

“L’idée sous-jacente est que la liberté doit être la valeur centrale autour de laquelle nous devons penser notre développement”, a indiqué M. Khan.

En d’autres termes, l’ouvrage offre des éléments de compréhension pour une meilleure analyse de la situation actuelle afin de pouvoir affronter les défis auxquels la société algérienne fait face, “sans faire une analyse globale, idéologique et fermée”, a expliqué l’auteur d’”Arabian Blues”.

“Nous sommes des passeurs, pas des buteurs”, a affirmé Saïd Djaafer. La parabole footballistique explique la démarche de l’ouvrage: aider à comprendre sans prétendre donner ou détenir des solutions, pour que d’autres puissent éventuellement en profiter et “marquer le but”.

Élites et militantisme

Parmi les sujets évoquées avec l’assistance, la question des élites et du militantisme politique a pris la part du lion. Sur ce point, Amin Khan a été catégorique. “Il n’y a pas de véritable élite en Algérie aujourd’hui”, a-t-il estimé. En 1962 et après l’indépendance, il y a eu certes la production d’une élite technique et administrative pour la plupart, mais elle a été accompagnée, selon lui, d’une dépolitisation du peuple algérien.

Le résultat, a expliqué l’écrivain, a été une incapacité de ces cadres d’aller vers la population et de proposer une action politique dûe à l’absence d’un travail d’éducation nécessaire au militantisme.

“La seule réalité dans la vie politique est le rapport des forces, et aucun pouvoir politique ne prendra spontanément des décisions contre ses propres intérêts”, a-t-il analysé.

Saïd Djaafer a, pour sa part, estimé qu’il existe actuellement une véritable crise du militantisme politique en Algérie. Le problème de la formation qui existe ailleurs, à l’université par exemple, s’étend à l’apprentissage du militantisme.

Il a rappelé l’exemple des militants du mouvement national qui, même en ayant un niveau d’instruction modeste, fournissent un grand effort pour acquérir de la connaissance et du savoir qui leur permettaient d’être proches de la population.

Pour ce journaliste chevronné, une remise en question de soi des militants s’impose aujourd’hui. “Un sens du savoir détaillé de la population a été perdu. Il s’agit donc de regagner des connaissances que nous savions déjà”, a-t-il argué.

Le débat a par ailleurs abordé divers thèmes, de la crise économique et la chute des prix des hydrocarbures aux blocages politiques et de l’importance de l’aspect pacifique de l’action politique.

Le café littéraire du FFS, un rendez-vous bi-hebdomadaire, promet de recevoir d’autres écrivains et d’être, espèrent ses organisateurs, un espace de libre expression et de débat.