Noureddine Saâdi ancien adjoint du «cheikh» en 1990, »Pour Kermali, l’EN était une question d’honneur »

Noureddine Saâdi ancien adjoint du «cheikh» en 1990, »Pour Kermali, l’EN était une question d’honneur »

Saâdi a remporté avec Kermali la CAN de 1990

Noureddine Saâdi, un des membres du staff technique de l’Equipe nationale algérienne des années 90, dirigée par feu Abdelhamid Kermali dont l’enterrement a eu lieu hier au cimetière de Sid-El Khier à Sétif, a bien voulu répondre aux questions de l’Expression à travers lesquelles il évoque sa collaboration avec ce monument du football algérien. Faut-il juste rappeler que, sélectionneur de l’Equipe algérienne, «Cheikh» Kermali reste, au jour d’aujourd’hui, le seul entraîneur, sur la cinquantaine de coachs qui se sont succédé depuis l’Indépendance à la barre technique des Verts, à avoir remporté un titre majeur avec l’équipe nationale, en l’occurrence la Coupe d’Afrique des nations, en 1990.

L’Expression: Avec un peu de recul comment avez-vous appris le décès du Cheikh Kermali?

Noureddine Saâdi: Ce sont des amis qui m’ont appelé pour m’apprendre la nouvelle. Je peux affirmer sans risque de me tromper, qu’avec le décès de Cheikh Abdelhamid Kermali, c’est une partie de notre football qui s’en va. Il avait mené un double combat, celui pour l’Indépendance et celui pour le développement de notre football.

Vous étiez justement un des membres du staff technique dirigé par feu Kermali lors l’Algérie avait remporté son premier et d’ailleurs, unique titre continental en 1990, comment cela s’est-il passé?

C’est lui-même qui m’avait appelé alors au téléphone pour me demander si j’acceptais de travailler avec lui dans le staff technique. On était alors quatre coachs dans le staff technique, Fergani et moi pour le terrain, et Mourad Abdelouahab (Que Dieu ait son âme) comme entraîneur des gardiens de but et lui le responsable. Mais, avec Kermali, on était tous responsables. Il avait cette très bonne capacité à gérer le groupe d’une manière qui n’a gêné aucun membre du staff.

C’était quelqu’un qui maîtrisait parfaitement son travail. Il était très méthodique et il savait bien intervenir avec les joueurs. Nous trois, on respectait beaucoup Cheikh Kermali qui d’ailleurs était notre aîné. Le respect était alors de mise à cette époque. Il y avait une entente parfaite entre tous les membres du staff et lui.

Justement comment cela se passait-il avec les joueurs et lui?

Sa conception et sa politique était claires et chacun le savait. Pour Kermali, celui qui rentre dans les rangs est le bienvenu. Celui qui ne le fait pas est sur la touche. C’est aussi clair que ça. Dans tous les cas, les joueurs ont tous adhéré à sa politique et à sa manière de travailler et de diriger.

Donc, pour résumer, son avantage est de n’avoir jamais eu de problème ni avec les joueurs et encore moins avec son staff au complet. Nos relations étaient des relations de travail. Je n’ai jamais eu de problème avec lui aussi bien en Coupe d’Afrique que nous avons remporté finalement ni en coupe du monde.

En Coupe du Monde…?

Oui. Souvenez-vous de ce match important contre l’Egypte, que nous avons perdu difficilement après ce qui s’est passé par la suite, l’affaire Belloumi, etc.

Pour Abdelhamid Kermali, il s’agissait de représenter le pays comme il se doit et remplir sa mission quelles que soient les circonstances. Et nous avons été à la hauteur.

Et que gardez-vous de cette phase finale de la Coupe d’Afrique à Alger en 1990?

Je me souviens bien que pour Cheikh Abdelhamid Kermali, l’Algérie a besoin de la Coupe d’Afrique, alors il fallait tout faire pour réaliser cet objectif. Nous sommes là, dit-il, pour atteindre cet objectif d’arracher la Coupe d’Afrique des nations et non pour gérer les humeurs des joueurs. C’était aussi clair que net et précis. Et chacun, joueurs et staff savait ce qu’il devait faire pour réaliser ce voeu: remporter la Coupe d’Afrique chez nous. Ce qui fut fait.

La joie de la victoire est indescriptible vous en convenez…

Avez-vous une anecdote à nous raconter à ce propos?

Je me souviens bien qu’il riait de cette prime qui nous a été octroyée après la victoire finale.

Et elle était de quel ordre?

C’était une prime de 25 millions de centimes et il y avait un sponsor qui nous a versé je crois entre 3 et 4 millions en devises et je me souviens bien que c’était en Francs belges.

Et pourquoi Cheikh Kermali rigolait à propos de cette prime?

En réalité, avant le début de la compétition il nous a été promis beaucoup de choses. D’ailleurs moi même j’ai discuté avec un membre du gouvernement dont je tairai le nom et on s’est mis d’accord pour avoir chacun (joueurs et staff) une voiture. Or, rien de cela n’a été concrétisé. Et c’est pourquoi il rigolait en évoquant cette prime.

Il avait toujours ce côté malicieux en lançant des plaisanteries?

Avec la presse oui. C’est surtout donc avec les médias qu’il a toujours eu ce côtés humoristique. Souvenez-vous, lorsqu’il était entraîneur du MC Alger et qu’il venait de perdre le titre de champion d’Algérie lorsqu’il s’adressa à vous les journalistes en déclarant tout fier «On est le champion moral!» C’est ça Kermali.

Votre conclusion?

Je garde un très bon souvenir de ma collaboration avec Cheikh Abdelhamid Kermali. Lorsqu’il devrait prendre une décision il n’hésitait pas à consulter le staff et à être à l’écoute de tout un chacun. Et là, je témoignera qu’il connaissait parfaitement son travail aussi bien sur le plan technique que celui de la gestion du groupe. Allah Yerahmou.