Noureddine Moussa pointe du doigt les citoyens,«On conteste tout dans ce pays»

Noureddine Moussa pointe du doigt les citoyens,«On conteste tout dans ce pays»
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«Le problème aujourd’hui, c’est qu’il y a une rupture de confiance entre les citoyens et les responsables»

Selon le ministre de l’Habitat, les commissions qui élaborent les listes de distribution des logements sont d’une honnêteté irréprochable.

Dans une interview accordée à notre confrère du Quotidien d’Oran, le ministre de l’Habitat, Nourredine Moussa, a indiqué que les listes de distribution des logements n’ont pas à être contestées car elle se font dans la transparence.

A propos des «troubles» qui suivent chaque distribution de logements, Nourredine Moussa dit «qu’on conteste tout dans ce pays». Pour lui, «les listes sont élaborées par une commission dans laquelle siège le chef de daïra. Mais l’élément le plus important dans cette commission, c’est le maire. On ne peut continuer à contester la crédibilité ou la bonne foi de tous ces gens qui travaillent. Le problème aujourd’hui, c’est qu’il y a une rupture de confiance entre les citoyens et les responsables», a ajouté le ministre.

«Les nombreuses fois où nous avons évalué le dispositif, nous avons constaté qu’il était bon», poursuit-il. Le ministre appelle les citoyens à plus de sagesse car «la construction de logements demande du temps». 4700 milliards de dinars pour le logement et l’urbanisme, c’est-à-dire 60 milliards de dollars, ce qui représente 17,4% des 286 milliards de dollars alloués à ce plan quinquennal», assure-t-il.

«Dans le programme de 2450.000 logements inscrits, il y a un million de logements publics locatifs.», avance-t-il. Nourredine Moussa est également revenu sur le problème des épargnants Cnep à qui l’Etat a promis des logements Aadl. «La demande la plus forte sur le foncier se trouve au niveau des grands pôles urbains, Alger, Annaba, Constantine, c’est-à-dire là où il y a la rareté du foncier, la Cnep n’a pas pu démarrer ses programmes», assure-t-il. Pour ce qui est de l’Aadl, il rappelle que «l’Aadl a reçu ainsi un surplus de près de 183.000 dossiers par rapport au nombre qu’elle pouvait satisfaire».

«Pour toute la formule Aadl, il y a eu près de 25.000 dossiers qui ont été éliminés pour des raisons d’inéligibilité. Les 25.400 programmés au début de son lancement ont été réglés et 142.000 dossiers sont restés en instance. Mais il faut savoir que les propriétaires de ces derniers dossiers n’ont jamais rien payé», atteste-t-il. «Le ministère ne donne pas de logement, il élabore la politique du logement!» lance-t-il en direction des citoyens.

Le ministre évoque également un paradoxe à l’Algérienne. «Il n’y a pas de main-d’oeuvre en Algérie. Trouvez-moi en Algérie 100 coffreurs, 100 ferrailleurs ou 100 plombiers!» demande-t-il avec ironie. «La cause de ce manque de main-d’oeuvre? C’est parce que tout le pays est en chantier. il faut trouver des gens qui veulent se former. Et on ne les trouve pas Algérie», affirme-t-il.

«Le paradoxe est quand je vais dans les wilayas: les entreprises de construction me disent qu’ils ont un problème de main-d’oeuvre et les populations un problème de chômage. C’est antinomique, mais c’est la réalité parce que le travail du bâtiment est assez difficile. Et dans une ouverture comme la nôtre, où le commerce fait bien vivre, une bonne partie des jeunes choisissent la possibilité la plus facile», regrette-t-il. «Pour attirer les jeunes dans le secteur du bâtiment il faut que les entreprises jouent le jeu», s’écrie le ministre.

«Lorsque le travailleur se sent considéré dans son entreprise, il est bien rémunéré, il a les conditions de sécurité qu’il faut, je pense qu’il accepte de travailler sans problème. Malheureusement, nos entreprises n’ont pas tout ça», se désole-t-il, comme si ce n’était pas son ministère qui est censé faire le ménage dans le secteur du bâtiment… Le problème des cités dortoirs qui sont en train d’être construites en Algérie a aussi été évoqué lors de l’interview. Nourredine Moussa a eu une réponse des plus étonnantes. Appréciez plutôt: «Qu’est-ce qu’il faut faire? Construire des villas à tout le monde?» a-t-il sèchement répliqué.

Enfin, le ministre de l’Habitat a fait le bilan des programmes initiés par l’Etat ou de tout le parc qui a été construit. «L’Algérie a livré 1690.000 logements de 1999 à 2009. Si vous rajoutez à cela les livraisons en 2010 et 2011, à savoir 404.000 logements – je rappelle qu’en 2010, nous en avons livrés 191.000 et en 2011, 213.000 autres – nous dépassons alors allégrement les 2100.000 logements de 1999 à fin 2011», a-t-il conclu.