Notes gonflées au bac ? Bénie soit la réforme de Benbouzid !

Notes gonflées au bac ? Bénie soit la réforme de Benbouzid !

des enseignants ont commenté l’octroi des notes élevées en philosophie aux candidats, déclarant : «Si Socrate était vivant, il aurait sans aucun doute gratifié le ministre de l’Éducation nationale d’une palme d’or pour avoir mis en place une réforme qui a eu pour effet de produire des omniscients en philosophie».

On a l’impression que cette réforme veut plutôt dompter, tel l’opium, les élèves en leur faisant croire qu’ils ont atteint l’apogée alors que la réalité est tout autre…L’université l’a confirmé et le confirme et aura tout le temps à le vérifier à l’avenir si les choses restent en l’état.

Cette année, déjà, plus de la moitié des étudiants, selon les pédagogues, n’ont pas pu éviter le rattrapage…alors que dire des recalés et même ceux qui abandonnent à mi-chemin. Visiblement, les résultats du Bac, cette année, ont battu tous les records.

Ce dernier (Baccalauréat) est d’ores et déjà à cataloguer, sans crier gare, dans le «Guinness book» des records. Le taux de réussite est historique. Jamais égalé, dans les annales scolaires nationales, depuis l’indépendance. Rien à dire. Le ministre de l’Éducation est un homme heureux. Il est surtout fier de ses réformes initiées depuis déjà une décennie. Des réformes engagées contre vents et marrées.

Des éducateurs dénoncent en déclarant que cellesci visent la mise au pas de l’école publique. Et ce n’est pas sans raison. Pour eux, le système éducatif mis en place table plutôt sur la quantité alors que l’important voire même l’essentiel a été mis sur les carreaux un enseignement de qualité. Partant de cela, les pédagogues tirent la sonnette d’alarme. Il y a le feu en la demeure.

Les fausses notes, ce n’est pas ce qui manque. Programme surchargé, contenu anachronique d’avec ce qui se fait de par le monde et un emploi du temps le moins que l’on puisse dire, et ce, de l’avis même des enseignants, infernal. La liste est encore longue. Raison pour laquelle ces derniers réclament l’impérieuse nécessité de « réformer les réformes ».

Ils sont sereins, ces enseignants. À leurs yeux, c’est-là le seul salut à même de redorer à l’école son blason et ses lettres de noblesse. Cependant, cet appel est resté lettre morte. Aucune suite n’a été donnée par la tutelle qui continue de faire la sourde oreille. Le ministère ne veut plus entendre parler de l’échec de sa stratégie. Une stratégie, soutiennent mordicus, les responsables du secteur, qui a prouvé sa valeur à travers des chiffres mais aussi…des lettres.

Benbouzid a déclaré que ce taux de réussite de plus 61% n’est pas à présenter ; une preuve lancinante de la bonne santé de l’école algérienne. Une gifle pour tous ceux qui doutent toujours des réformes. Il dira que son département commence à gagner la bataille de la qualité, qui faisait défaut jusque-là.

Il argue par le nombre « important » des admis avec mention, illustration on ne peut plus parfaite de cette nouvelle orientation consistant à produire et la quantité et la qualité. L’autre homme fort de l’éducation, Boubekeur Khaldi en l’occurrence, n’a pas omis d’affirmer récemment que le nombre des «recordmen», les «supers élèves», bref, les candidats ayant décroché avec brio leur sésame synonyme de porte ouverte à l’université, a atteint un nombre record, jamais réalisé auparavant.

Les chiffres sont exacts. Le secrétaire général de l’éducation a dit vrai. Ça été même vérifié à travers les archives. Personne ne peut soutenir le contraire. Mais ce que ce même responsable n’a pas révélé, c’est la manière avec laquelle ces « scores de rêve » ont été réalisés.

Ces nouveaux « érudits » sont créés. Le seul mot qu’il a soufflé est de souligner que des candidats ont bel et bien obtenu de très bonnes notes, de surcroît dans les matières essentielles. Si «ce phénomène» peut être justifié, concernant les matières scientifiques, il n’en est pas de même pour ce qui est des filières littéraires souvent difficiles à manier de par leur aspect compliqué.

18/20 EN PHILOSOPHIE…

Le miracle a eu lieu. Y a de quoi en être fier. Cette fois-ci, il s’est produit dans une matière pas comme les autres : la PHILOSOPHIE, avec majuscules. Des élèves parmi les candidats ont pu obtenir une note de 18/20. Y a pas lieu de poser des questions, la note est, également vérifiée, confirmée et certifiée par les enseignants correcteurs.

Khaldi avait même indiqué que rien n’interdit l’octroi de ce genre de récompenses, car les « dignes héritiers » de Socrate, purs produits des réformes éducatives version Benbouzid, le méritent bien au bout d’un travail laborieux durant toute l’année.

Un argument qui n’a pas pu convaincre pour autant les enseignants qui déclarent : «Si Socrate était vivant, il aurait sans aucun doute gratifié le ministre de l’Éducation nationale d’une médaille d’or pour avoir mis en place une réforme qui a eu pour effet de «façonner» des érudits en philosophie. Et c’est là où le bât blesse, en réalité.

Car on a l’impression que la réforme éducative a cette capacité et cette aptitude de créer de «supers» élèves au niveau d’instruction «peu convaincant». Et ce n’est pas les exemples qui manquent : À l’Université de Béjaïa, pour ne citer que celle-ci, 60% des bacheliers en sciences de gestion n’ont pas pu éviter le rattrapage pour pouvoir espérer un passage en deuxième année.

Mais Béjaïa n’est qu’un arbre qui cache la forêt, la vaste et étendue forêt. Ils sont nombreux, les nouveaux bacheliers, qui trébuchent à leur première année universitaires. Là encore, les chiffres sont vérifiables. Il suffit d’un simple «saut» aux universités durant cette période, pour s’en rendre compte. Voilà en somme à quoi ressemble la réalité de nos élèves «purs» produits de l’école Benbouzid, une fois à l’université.

Et là, sans parler du nombre des recalés chaque année et bien sûr, ceux qui abandonnent leurs études à mi-chemin. Et pourtant, rien ne prédit, avant, un tel sort, eux qui au lycée, ont pu casser la baraque pour avoir obtenu des notes «astronomiques» qui sont en vérité…virtuelles.

La leçon sera-t-elle retenue pour mettre fin à cette orientation visant à placer les écoliers sur une planète virtuelle ? Or ne serait-t-il pas préjudiciable de rendre «à César ce qui lui appartient». Sans plus. Sans exagération dans l’octroi des notes et surtout sans… rêves

Amokrane Hamiche