Notaires, avocats.. Ces professions dans le viseur de l’Algérie pour répondre aux exigences du GAFI

Notaires, avocats.. Ces professions dans le viseur de l’Algérie pour répondre aux exigences du GAFI
L’Algérie répond aux recommandations du GAFI

Le gouvernement algérien renforce ses dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En réponse aux recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) et aux pressions croissantes de la communauté internationale, l’Exécutif vient d’entamer une révision en profondeur de son cadre législatif.

Réuni mercredi sous la présidence du Premier ministre, Nadir Larbaoui, le gouvernement a examiné un projet de loi portant sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Selon le communiqué officiel rendu public à l’issue de la réunion, cette réforme vise à « adapter le cadre législatif national aux engagements internationaux de l’Algérie » et à « renforcer les mécanismes juridiques existants face à l’évolution des menaces ».

🟢 À LIRE AUSSI : Algérie : Un faux général et son associé lourdement condamnés

LG Algérie

Cette initiative intervient quelques mois après l’inscription de l’Algérie sur la liste grise du GAFI, en raison de « faiblesses structurelles » dans le système de surveillance financière. Le 11 juin, la Commission européenne a à son tour ajouté le pays à sa liste noire des juridictions jugées à haut risque en matière de blanchiment.

Afin de sortir de ces listes, l’Algérie s’est engagée à remettre au GAFI, d’ici la fin du mois en cours, un rapport stratégique élaboré par le Comité national d’évaluation des risques. Ce document constituera le socle de la stratégie nationale 2024-2026, fondée sur 19 évaluations sectorielles – dont six ont d’ores et déjà été finalisées ou enclenchées.

Lutte contre le blanchiment et le terrorisme : L’Algérie révise son arsenal juridique

Le rapport devra illustrer les efforts de l’État pour corriger les insuffisances signalées, notamment à travers des réformes inscrites dans la loi de finances 2025, qui prévoit des restrictions drastiques sur les paiements en espèces.

🟢 À LIRE AUSSI : Algérie : La production de la carte Edahabia passe à 50 000 cartes par jour

Les professions juridiques telles que les notaires et les avocats sont désormais tenus d’imposer le paiement par chèque pour les transactions immobilières et la vente de véhicules.

Parallèlement, des sessions de formation ont été organisées au profit des notaires à travers le pays pour faciliter la mise en œuvre de ces nouvelles règles. Les autorités ont également lancé des évaluations ciblées sur plusieurs secteurs sensibles, incluant :

  • Les personnes morales inscrites au CNRC,
  • Les actifs virtuels sous la supervision de la Banque d’Algérie,
  • Les organisations à but non lucratif, placées sous le contrôle du ministère de l’Intérieur.

Les agents immobiliers, les marchands de métaux précieux et les notaires sont identifiés comme des professions particulièrement à risque. Ces derniers sont explicitement désignés par le GAFI comme maillons sensibles dans la chaîne de blanchiment, justifiant un renforcement du contrôle de leurs activités.

Données personnelles et promotion immobilière : deux autres chantiers ouverts

Outre le texte sur la lutte contre le blanchiment, le gouvernement a également étudié un avant-projet de loi sur la protection des données à caractère personnel. Le texte vise à consolider les garanties offertes aux citoyens en matière de respect de la vie privée, tout en alignant la législation algérienne sur les normes internationales en vigueur.

Enfin, l’Exécutif a examiné un projet de cadre réglementaire régissant les concessions foncières transférables dans le domaine privé de l’État, destiné à favoriser la réalisation de projets de promotion immobilière à caractère commercial.

🟢 À LIRE AUSSI : Réforme des retraites en Algérie : ce que change la nouvelle loi votée par l’APN

En multipliant les réformes et les mesures d’ajustement, Alger cherche à rassurer ses partenaires et à améliorer son image sur la scène financière mondiale. L’enjeu est de taille : rétablir la confiance des investisseurs, éviter l’isolement bancaire et relancer les flux financiers vers l’économie nationale.