L’opportunité s’y prête parfaitement bien pour rompre ce silence qui alimente les folles rumeurs et nourrit une tension indicible au sein de la société.
Sevrée depuis des semaines de déclarations officielles sur la situation sociale et politique du pays, l’opinion publique guette le moindre propos à même de la rassurer en ces moments difficiles de troubles, de doutes et d’incertitudes qui caractérisent l’ensemble des pays arabes.
Nos ministres attendus de pied ferme par la presse nationale, vont-ils enfin parler demain, à l’occasion de la clôture de la session d’automne du Parlement? L’opportunité s’y prête parfaitement bien pour rompre avec ce silence qui alimente les folles rumeurs et qui nourrit une tension indicible au sein de la société. Qu’importe le lieu où seront faites ces déclarations, car il faut convenir que l’APN a, depuis longtemps, cessé d’être le lieu où résonne le véritable écho de la société algérienne. L’hémicycle est devenu un studio d’enregistrement à l’acoustique médiocre. C’est cette APN qui a rejeté la proposition d’un débat sur la corruption, la constitution d’une commission d’enquête sur le même phénomène et qui a fait la sourde oreille à la proposition d’un débat sur la situation politique et sociale du pays
. C’est donc demain que l’Assemblée populaire nationale (APN) clôturera sa session d’automne, ouverte le 2 septembre 2009. La cérémonie de clôture se déroulera, comme à l’accoutumée, en présence de plusieurs ministres de la République et sera émaillée par un discours du président de l’Assemblée. Stigmatisée de toutes parts, cette session, avec un bilan plus que dérisoire, n’a pas dérogé à la règle qui a prévalu durant toute cette sixième législature. En cinq mois, les députés n’ont adopté que 6 projets de loi et cinq projets d’ordonnance que le gouvernement leur a soumis
. Triste bilan pour une institution budgétivore! Il s’agit du projet d’ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2010, le projet d’ordonnance modifiant et complétant l’ordonnance relative à la Cour des comptes, du projet d’ordonnance modifiant et complétant l’ordonnance relative à la répression de l’infraction à la législation et à la réglementation de change et des mouvements des capitaux de et vers l’étranger, du projet d’ordonnance modifiant et complétant l’ordonnance numéro 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit, ainsi que du projet d’ordonnance modifiant et complétant la loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption.
Les députés ont adopté, en outre, le projet de loi de finances pour 2011, et cinq autres projets de loi relatifs aux aires protégées, à la protection des personnes âgées, à la cinématographie, à la promotion immobilière en plus du projet de règlement budgétaire de 2008.
Durant cette session, la chambre basse du Parlement, sclérosée par le manque d’imagination et d’initiative de ses membres, s’est, fait aggravant, dressée contre des projets proposés par certains groupes parlementaires. Malgré l’aspect sensible et le caractère impératif des sujets, elle a rejeté la proposition d’un débat sur la corruption, la constitution d’une commission d’enquête sur le même phénomène et dernièrement, elle a refusé un débat sur la situation politique et sociale du pays à la lumière des événements tragiques qui l’ont secoué durant les premiers jours du mois de janvier. On notera que durant cette session, les députés peu soucieux de leur mission de parlementaires et ne se sentant guère concernés par le devoir législatif, ont accentué le phénomène de l’absentéisme. La majorité des séances plénières se sont déroulées en présence d’un nombre réduit des locataires du Palais Zighoud-Youcef.
Cependant, la clôture de cette session de l’APN intervient dans un contexte politique et social particulier avec le risque de contagion par les événements de la Tunisie et de l’Egypte. En outre, plusieurs départements ministériels sont secoués par la protestation des corporations et la rue gronde dans plusieurs régions du pays. Le Premier ministre aura certainement à s’exprimer sur ce bouillonnement social, d’autant plus que la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) composée de plusieurs partis politiques, des syndicats et d’autres organisations de la société civile, a appelé à une marche nationale pour ce 12 février à Alger.
Le nouveau phénomène de l’immolation par le feu pour dénoncer les difficiles conditions sociales des citoyens, est une autre question qui interpelle les membres du gouvernement.
Karim AIMEUR