Normalisation des relations avec les nouveaux dirigeants, Alger s’adapte aux changements dans le monde arabe

Normalisation des relations avec les nouveaux dirigeants, Alger s’adapte aux changements dans le monde arabe

Dans une conjoncture régionale mouvementée marquée par «le printemps arabe», Alger est en situation de traiter avec les nouvelles autorités issues des événements vécus par les pays du Maghreb, notamment la Tunisie et la Libye, et du Proche-Orient avec l’Egypte et la Syrie dont les horizons ne sont pas encore clairs.

Dans ce contexte, de par sa position l’Algérie a été considérée comme un Etat qui est contre l’agitation des peuples de ces nations vu les relations qu’elle entretenait avec les dirigeants tombés suite à ces révolutions. Cependant, Alger n’a pas tourné le dos aux nouvelles autorités. D’ailleurs, il y a quelques jours, Alger a été la destination du ministre des Affaires étrangères égyptien.

Du côté de la Libye où les choses sont plus compliquées, le Président Bouteflika lui-même a eu des entretiens avec le chef du Conseil de transition libyen, Mustapha Abdeldjalil. Une rencontre arrangée par l’Emir du Qatar en marge du Sommet du gaz tenu dans ce pays. Et voilà que samedi dernier l’Algérie a reçu le patron du parti tunisien Ennahdha. Alger s’ouvre ainsi aux nouvelles autorités pour assurer une continuité de ses relations avec le voisinage et le monde arabe, malgré le changement de dirigeants dont il faut reconnaître la légitimité. Lors de son arrivé samedi à Alger, le président du mouvement islamique tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a souligné l’importance de la concertation pour l’intérêt de l’Algérie, de la Tunisie et de la région en général.

M. Ghannouchi a été recu par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah qui sera son accompagnateur officiel durant son séjour, ce qui est considéré par les observateurs comme un privilège réservé aux seuls chefs d’Etat. Toutefois, cette visite n’a pas été annoncée officiellement comme ce fut le cas pour le MAE égyptien. Il est à rappeler que M. Ghannouchi est le président du parti qui a remporté, avec 89 sièges sur les 217, les élections de l’Assemblée constituante du 23 octobre. Il effectuait à Alger sa première visite officielle à l’étranger depuis sa victoire.

A son arrivée à l’aéroport, M. Ghannouchi a déclaré : «Je suis venu pour des concertations dans l’intérêt de nos deux pays et de la région. Ma visite intervient dans un contexte marqué par des changements très importants en Tunisie». Il ajoutera : «Nous sommes honorés de faire cette visite au moment où nous nous apprêtons à consacrer l’une des victoires de la Révolution du 14 janvier 2011 qui consiste en la tenue de la première session de l’Assemblée constituante». La dernière visite du patron d’Ennahda date d’août, lorsqu’il était venu assister aux obsèques de Abdelhamid Chibane (ancien ministre des Affaires religieuses). Il avait alors rendu visite au patron du FLN. Bien avant la Tunisie, l’Algérie a fait un pas vers les nouvelles autorités libyennes. Dans ce cadre, le Président Bouteflika s’est entretenu à Doha avec le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustapha Abdeljalil, et l’Emir de l’Etat du Qatar, Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani. Des entretiens qui s’inscrivent dans le cadre du rapprochement avec le nouveau «régime» libyen. Pour rappel, les autorités algériennes avaient annoncé début octobre dernier la visite du CNT à Alger, mais elle n’a toujours pas eu lieu. Il a fallu que le Qatar, qui a un nouveau rôle dans la conjoncture actuelle dans laquelle se trouve le monde arabe, pour qu’il y ait un début de dialogue entre Alger et le CNT libyen.

Avec ce qui se passe dans le monde arabe, un contexte plein d’enjeux pour les puissances étrangères, notamment les États-Unis et la France, Alger est tenu de se positionner en s’adaptant aux changements.

Par Nacera Chenafi