Nord du Mali, Alger négocie avec les islamistes

Nord du Mali,  Alger négocie avec les islamistes
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Alors que Bamako et les pays ouest-africains de la Cédéao s’activent auprès des Nations unies pour accélérer le déploiement d’une force militaire dans le nord, la chaîne France 24 affirmait hier qu’une délégation d’Ansar Dine négocierait secrètement avec Alger, tandis que la Coalition pour le Mali veut rappeler l’importance de la voie négociée, sans forcément s’opposer à l’option militaire.

Les représentants du groupe islamiste touareg Ansar Dine, l’un des groupes armés qui occupent le nord du Mali, sont en Algérie depuis une semaine, où les autorités les auraient rencontrés ainsi qu’un haut responsable de Bamako, pour éviter la réponse militaire.

Ainsi au moment où la communauté internationale, sous l’égide de la Cédéao, parle d’une possible intervention militaire, Alger répond “négociations”.

L’Algérie appuie une solution négociée plutôt que militaire

Tout plutôt qu’une intervention militaire occidentale. C’est en substance la ligne tenue par Alger depuis le début de la crise malienne. D’autant plus que l’Algérie est dans une position diplomatique délicate depuis l’enlèvement par des islamistes de plusieurs de ses diplomates.

Sans oublier que l’Algérie a toujours considéré que le dossier du nord du Mali était sa chasse gardée.

Et c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à la crise au ­Sahel.

Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à Gao en avril dernier, visent “à unir les différents courants d’Ansar Dine”. La faction la plus radicale, et la plus influente, qui ne reconnaît pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida. Le courant, composé essentiellement d’anciens du MNLA, veut privilégier l’autonomie de l’Azawad, c’est à dire le nord du Mali.

Ces pourparlers ne sont pas du goût de Bamako, où le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. “L’Algérie cherche à protéger ses hommes, quitte à sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.”

Washington, partenaire d’Alger

Sur un autre front, les Algériens, qui sont attendus le 19 octobre à Washington pour la première session de dialogue Algérie-États-Unis, martèlent qu’une opération armée au nord Mali serait “vouée à l’échec”.

Les Américains oscillent pour le moment entre deux solutions. Ils devraient soutenir devant le Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler.

Assises de l’occupation à Bamako

Pendant ce temps, les partisans de la Coalition pour le Mali, qui prônent la négociation, participaient hier mercredi, aux “Assises de l’occupation” à Bamako. Des habitants des villes du nord, mais aussi des élus, des membres d’organisations de la société civile, des chefs traditionnels ou religieux, ont fait le déplacement pour témoigner de leur situation et faire des propositions.

La Coalition pour le Mali veut rappeler l’importance de la voie négociée, sans forcément s’opposer à l’option militaire.

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