Nora Ouali: “Gaïd Salah tente de travestir la vérité”

Nora Ouali: “Gaïd Salah tente de travestir la vérité”

Dans une déclaration transmise, hier, à notre rédaction, la secrétaire nationale à la condition féminine du RCD considère que “la véritable lutte contre la corruption ne sera possible qu’avec la justice transitionnelle”, qualifiant de “grande supercherie” les propos du chef d’état-major de l’ANP, général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, qui a déclaré récemment depuis Béchar que l’institution militaire s’engage à “accompagner la justice dans sa lutte contre la corruption” et qu’“aucune exception ne sera faite à quiconque”. Battant en brèche les “assurances” du vice-ministre de la Défense, Me Nora Ouali soutient que “Gaïd Salah tente de travestir la vérité”, affirmant que “tous les dossiers déterrés par la justice ne pourraient être traités d’une manière équitable”.

Afin d’étayer ses propos, elle rappellera que le régime de Bouteflika a institué des lois de manière à “garantir la pérennité du pouvoir, ainsi que la promotion et la protection de la corruption”. Elle citera, à ce titre, le cas de l’article 5 de la loi n°05-01 du 6 février 2005 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui stipule que “les faits d’origine commis à l’étranger ne peuvent donner lieu à des poursuites pénales pour blanchiment d’argent et/ou financement du terrorisme que s’ils ont le caractère d’infraction pénale dans le pays où ils ont été commis et dans la loi algérienne”. Il va sans dire, explique-t-elle, que “les pays étrangers auxquels on transfère de l’argent mal acquis ne vont pas punir ce genre d’acte, dès lors qu’il y va des intérêts de leurs États”.

Il en est de même pour les traités internationaux, ajoute-t-elle, rappelant que les dispositions de la Convention des Nations unies contre la corruption, adoptée le 31 octobre 2003 à New York (USA), “ne peuvent pas, non plus, être appliquées pour le cas de l’Algérie, puisque notre pays les a ratifiées avec des réserves, en vertu du décret présidentiel n°128/04 du 19 avril 2004”. La députée du RCD de la wilaya de Béjaïa déplorera, en outre, que la fameuse instance nationale chargée de la prévention et de la lutte contre la corruption, créée en vertu de la loi 06-01, “n’a finalement connu aucune existence réelle et effective sur le terrain”. Même constat pour la Cour suprême, compétente pour juger les anciens Premiers ministres et ministres, conformément à l’article 177 de la Constitution.

Par ailleurs, la parlementaire du RCD a tenu à rappeler que “des experts en économie ont estimé les fonds de la corruption transférés depuis l’Algérie vers l’étranger, sous le règne de Bouteflika, à plus de 3 milliards de dollars”. “Pour cette raison, il est de notre devoir de poursuivre la lutte pour l’indépendance du pouvoir judiciaire, en exigeant la mise en place d’une justice de transition, seule habilitée à juger équitablement toutes les personnes impliquées dans des crimes de corruption”, a-t-elle conclu.

KAMAL OUHNIA