Non, la Chakchouka n’est pas un plat israĂ©lien

Non, la Chakchouka n’est pas un plat israĂ©lien

Un peu partout dans le monde, les gourmets (et gourmands) n’ont qu’un mot à la bouche: Chakchouka.

Un plat trĂšs rĂ©pandu en Tunisie, et souvent le plan B idĂ©al lorsque le frigo est vide. La « Shakshuka » comme l’Ă©crivent les anglophones, connaĂźt une renaissance trĂšs surprenante vue d’ici!

AprĂšs la lubie des « Cronuts » (fusion de croissant et donut), sandwichs de donut glacĂ©s, « pizzaghetti » et autres pizza au kit kat ou cafĂ© au beurre, place maintenant aux Ɠufs Ă  la sauce tomate Ă©picĂ©e
 revisitĂ©e Ă  toutes les sauces!

La Chakchouka-mania

CitĂ©e comme une des « nouvelles tendances petit-dĂ©jeuner Ă  Londres », la Chakchouka peut aussi se manger midi et soir.

« FaĂźtes place, Ɠufs BĂ©nĂ©dicte. Le plat phare du brunch sera la Chakchouka », avait annoncĂ© les rĂ©dacteurs d’Epicurious.

Mais c’est sans compter aussi sur le « brinner », le nouveau terme utilisĂ© pour des petits dĂ©jeuners qui se mangent au dĂźner, Ă  l’instar de cette spĂ©cialitĂ© arabe.

chakchouka
Photo: Instagram/Krizzzti
La Chakchouka, un plat en vogue?

BuzzFeed, Yahoo!, nos collĂšgues du Huffington Post Canada, ou encore le « National Restaurant Association » aux Etats-Unis sont en tout cas unanimes.

Idem pour Rozanne Gold, chef et auteure cĂ©lĂšbre aux Etats-Unis, qui se souvient avec dĂ©lectation « d’un village arabe dans le dĂ©sert marocain, assistant Ă  la prĂ©paration de l’une d’entre elle (la chakchouka, ndlr) au dessus d’un feu au charbon de bois ».

De façon plus gĂ©nĂ©rale, cette annĂ©e sera celle des saveurs du Moyen-Orient, notamment avec « l’afflux d’immigrĂ©s moyen-orientaux en AmĂ©rique du Nord ».

D’ailleurs, concernant l’origine de ce plat, certains estiment nĂ©cessaire de rendre Ă  CĂ©sar ce qui appartient Ă  CĂ©sar


Une origine qui fait débat

Aux Etats-Unis, la plupart des restaurants israĂ©liens servent de la Chakchouka, et c’est notamment le chef israĂ©lien Yotam Ottolenghi qui a fait la rĂ©putation de ce plat au Royaume-Uni, d’oĂč un amalgame quant Ă  son origine.

Ce dernier prĂ©cise toutefois dans son livre de recettes « Jerusalem » que « la Chakchouka est Ă  l’origine un plat tunisien, mais est devenu extrĂȘmement populaire Ă  Jerusalem ».

Sa provenance exacte fait néanmoins toujours débat, cette spécialité étant également un incontournable des cuisines algérienne, marocaine, égyptienne et libyenne.

chakchouka
Photo: Twitter/baderkf
Dans un autre article du site Buzzfeed, la Chakchouka est citĂ©e en tant qu’une des « 13 spĂ©cialitĂ©s gastronomiques qui ne sont pas israĂ©liennes », dĂ©nonçant une « colonisation » culinaire et soulignant que « l’appropriation culturelle est pour le moins inappropriĂ©e ».

Essayez (à vos risques et périls) de dire à un Tunisien que la Chakchouka est un plat israélien ou américain!

Si plusieurs pays se disputent cet hĂ©ritage culinaire, « la seule chose sur laquelle ils sont tous d’accord, c’est Ă  quel point ils l’adorent ».

Et à chacun sa spécialité.

Différentes versions

« Ce n’est pas seulement facile Ă  faire, c’est aussi bon marchĂ©, bon pour la ligne et idĂ©al pour ceux qui n’ont pas le temps de cuisiner. Ca peut se manger en brunch ou en dĂźner du week-end, ou bien pour le dĂ©jeuner ou en tant que prix de consolation face Ă  un ‘je n’arrive pas Ă  croire que nous sommes attaquĂ©s par une tempĂȘte de neige en plein avril !’ », peut-on lire sur le cĂ©lĂšbre blog culinaireSmitten Kitchen.

Au fils du temps, des rĂ©gions et des pays, les ingrĂ©dients diffĂšrent lĂ©gĂšrement. L’avantage avec ce plat, c’est qu’il est Ă©galement facilement adaptable, au grand dam des « puristes ».

La « guerre des recettes » oppose par exemple ceux qui y ajoutent des oignions, et ceux qui n’osent mĂȘme pas y penser, ceux qui ne jurent que par les poivrons verts, et ceux qui se permettent des petits morceaux de courgette ou d’okra.

Et avec ou sans viande? La version libyenne, par exemple, utilise de la viande sĂšche d’agneau, et au Maroc la Chakchouka se mange souvent accompagnĂ©e de kefta d’agneau. Des merguez sont aussi une option. Mais en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, c’est la version vĂ©gĂ©tarienne qui prime.

Pour ajouter plus de dimension à ce plat somme toute basique, certains ajoutent des morceaux de citron confits des herbes, des épices ou encore de la feta, comme le montre le New-York Times dans une vidéo. De quoi donner des cauchemars aux grand-mÚres tunisiennes!

Si cette spĂ©cialitĂ© n’est pas nouvelle chez nous, en Afrique du Nord, le reste du monde se rĂ©jouit de cette nouvelle dĂ©couverte culinaire, rĂ©solument celle de la Chakchouka! Qui l’eĂ»t cru?