Nomination de Youcef Yousfi au poste de ministre conseiller auprès du président de la République, Quel impact sur la politique énergétique du pays ?

Nomination de Youcef Yousfi au poste de ministre conseiller auprès du président de la République, Quel impact sur la politique énergétique du pays ?

yousfi_854497_679x417.jpgYoucef Yousfi a fait les frais du remaniement ministériel de jeudi dernier. Il n’est plus ministre de l’Énergie. Mais quatre jours après, dans la foulée du revirement inhérent aux prérogatives de Ramtane Lamamra, il hérite du poste de ministre conseiller auprès du président de la République chargé des questions énergétiques. Fruit d’un compromis dans la lutte entre deux clans au pouvoir.

La question est de savoir si en occupant ce poste important, il va peser sur la politique énergétique du pays. Rien n’est sûr. Tout laisse penser que ce poste que lui a confié le chef

de l’État est beaucoup plus honorifique.

Il convient de rappeler que Youcef Yousfi avait été déjà dépouillé du secteur des mines dans le précédent remaniement ministériel, au profit de l’actuel ministre de l’Industrie. Il était sur un siège éjectable. Son départ avait été retardé, après que Louisa Hanoune l’eut défendu auprès du chef de l’État. La montée au créneau de la secrétaire générale du Parti des travailleurs laisse supposer qu’on a affaire à une volonté d’un clan d’accaparer les marchés de secteurs juteux comme les mines et les hydrocarbures.

Au-delà de ces spéculations encouragées par un système de gestion du pays opaque, accumulant les bourdes, mettant au jour de multiples contradictions nées de conflits d’intérêts, la question est de savoir si ce changement augure une plus grande cohérence dans la politique énergétique du pays.

En fait, l’Algérie n’a plus de véritable politique énergétique depuis 1999. Le chef de l’État s’est totalement appuyé pendant toute une décennie sur son ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, qui faisait la pluie et le beau temps dans le secteur.

Résultat des courses, le Haut-Conseil de l’énergie qui devait statuer sur la stratégie énergétique du pays avait été gelé. Il n’a pas été réactivé depuis.

Conséquence, nous n’avons, aujourd’hui, ni modèle de consommation énergétique rationnel  ni stratégie cohérente pour faire face à une explosion de la demande domestique en produits pétroliers et au déclin de notre production d’hydrocarbures, ni de démarche pratique pour se redéployer à l’international et pour développer rapidement les énergies renouvelables.

Ce ne sont pas les nominations de Salah Kherbi à la tête du secteur et de Youcef Yousfi comme ministre conseiller qui vont changer le cours des choses. La situation actuelle qui mène le pays à la dérive avec une progressive raréfaction de nos ressources plus rapide que prévu invite à un sursaut national, à une redéfinition de la politique énergétique avec un pilotage plus efficace, une réactivation du Haut-Conseil de l’énergie, l’ouverture d’une large concertation avec les spécialistes et de débats impliquant la société civile.

La finalité est d’arrêter rapidement une véritable stratégie énergétique d’ici à 2030-2050 qui fasse la part belle aussi bien au renouvelable qu’à la maîtrise de l’énergie.

K. R.