«Pour le RND, ce changement à la tête du gouvernement est un résultat naturel des élections législatives»
Le RND prudent, le PT temporise, El Islah dénonce et le Fna se désintéresse. C’est ainsi que la classe politique nationale accueille le changement gouvernemental.
Les partis politiques algériens commentent différemment la nomination de Abdelmalek Sellal à la tête du Premier ministère.
Certains estiment qu’il s’agit d’un non-événement alors que d’autres appréhendent cette décision avec prudence.
Le Rassemblement national démocratique ne salue pas et ne dénonce pas, non plus, la désignation de M.Sellal, se contentant de rappeler son soutien aux décisions du Chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. «Le RND considère que cette décision relève des prérogatives constitutionnelles du Premier magistrat du pays, lequel a le droit d’exercer ses prérogatives», a déclaré, hier au téléphone, le porte-parole du parti, Miloud Chorfi. Sans exprimer une position claire de sa formation, dont le secrétaire général occupait le poste du Premier ministre,
M.Chorfi a ajouté que «pour le RND, ce changement à la tête du gouvernement est un résultat naturel des élections législatives du 10 mai dernier».
En tout état de cause, précise notre interlocuteur, «le RND, avec ses cadres et militants, restera fidèle au service du pays et des citoyens et à tous les niveaux».
Le porte-parole du RND conclut ainsi: «Le nouveau Premier ministre présentera certainement la déclaration de politique générale de son gouvernement devant les deux chambres du Parlement. Elle sera inspirée du programme du Président que nous soutenons.» Pour sa part, le Front national algérien (FNA) ne trouve pas de raison pour soutenir ou s’opposer à la désignation de l’ex-ministre des Ressources en eau comme premier responsable du gouvernement.
«Ce n’est pas la nomination du Premier ministre qui nous intéresse, mais c’est sa capacité et celle de l’équipe qu’il va former à gérer la crise de la rentrée sociale qui s’annonce chaude et à organiser des élections crédibles et transparentes», a indiqué le président du parti, Moussa Touati.
Notre interlocuteur, qui insiste sur la nature technocrate du nouveau Premier ministre, souligne que «M. Sellal a un parcours qui lui permet d’avoir une vision claire de la situation.»
«Mais aura-t-il la main libre pour agir ou sera-t-il orienté dans la gestion des dossiers et des affaires courantes?», se demande le président du FNA qui espère que le nouveau Exécutif s’attachera à trouver des solutions à la crise algérienne et non à absorber la colère citoyenne.
De son côté, le parti islamiste El Islah estime que le changement du gouvernement est «un non-événement». «Ce changement à la tête du gouvernement est un non-événement. Il ne rapporte rien. On veut du nouveau et non des visages qui partaient et revenaient et que nous avons déjà testés au gouvernement», a déclaré le secrétaire général du parti, Hamlaoui Akkouchi.
Pour notre interlocuteur, joint au téléphone, «cette désignation de Sellal n’est qu’un décor pour faire croire aux pays occidentaux qu’il y a un changement. En vérité c’est un changement de façade comme on en a déjà connu».
«C’est de la poudre aux yeux», a lâché M.Akkouchi, relevant tout le retard pris pour procéder à ce «changement de façade» qui, de plus, est censé intervenir au lendemain des élections législatives du 10 mai dernier.
«Les Algériens ont vécu un été infernal à cause des coupures d’eau et d’électricité avec un pouvoir absent, un Parlement effacé et un gouvernement hiberné, et ce n’est pas aujourd’hui que le gouvernement va se réveiller», a-t-il conclu.
Le Parti des travailleurs (PT) préfère, quand à lui, temporiser avant d’émettre toute position.
La secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, s’est contentée de souligner, hier, lors d’une activité partisane, que la mission de M. Sellal sera délicate, tout en s’interrogeant sur la marge de manoeuvres du nouveau Premier ministre.