a nomination de Abdemalek Sellal à la tête de l’Exécutif est un échec flagrant pour les secrétaires généraux du Rassemblement national démocratique et du Front de libération nationale.
«Sans appartenance politique.» La précision inscrite dans le CV officiel du nouveau Premier ministre peut paraître fortuite, mais elle résume, à elle seule, le camouflet infligé au Front de libération nationale. Abdelaziz Bouteflika, fort du pouvoir que lui attribue la Constitution, a finalement écarté le parti dont il est le président d’honneur. Pourtant, la «logique» aurait voulu que le poste de «coordinateur de l’équipe gouvernementale » revienne à la formation qui a remporté l’élection législative du 10 mai dernier. Mais les 208 députés du Front de libération nationale n’ont pas été un argument assez fort aux yeux du chef de l’Etat. Un échec personnel pour Abdelaziz Belkhadem. Il faut dire que ce dernier n’avait pas montré une grande efficacité, entre 2006 et 2008, lors de son passage à la chefferie du gouvernement. «Nous espérions décrocher le Premier ministère, mais il en a été autrement. A mon avis, il existe un consensus pour placer une personnalité neutre politiquement à la tête du gouvernement afin de gérer la période de transition », a expliqué Si Affif. Une situation qui risque de renforcer la position du mouvement de redressement du FLN. Les opposants devraient sans nul doute utiliser ce camouflet pour s’attaquer à Abdelaziz Belkhadem. De leur côté, les membres du mouvement de sauvegarde du Rassemblement national démocratique affichent ouvertement leur satisfecit suite à la mise de fin de fonction d’Ahmed Ouyahia. «En voulant renforcer sa position, Ahmed Ouyahia a affaibli le parti et a lui-même fini par chuter», relève Tayeb Zitouni, président de l’APC d’Alger-Centre, et principal animateur du mouvement de redressement du RND. Selon lui, Ahmed Ouyahia a tiré profit du pouvoir que lui conférait son poste de Premier ministre pour diriger sa formation. «Les décisions qui concernent le parti ne se prenaient pas au siège national mais au Premier ministère. De plus, ces derniers mois, il nous était quasiment impossible d’avoir des activités à l’intérieur du pays. Ouyahia s’arrangeait pour saisir les autorités locales afin de nous bloquer», rapporte Zitouni. Son retrait du sommet de l’Exécutif aura-t-il un effet direct sur les résultats du RND lors des élections locales de novembre. Tayeb Zitouni en est persuadé. «Ouyahia, Premier ministre, a obtenu des résultats catastrophiques aux dernières législatives. Il faut donc s’attendre au pire lors des locales.» Il est aujourd’hui évident que le véritable objectif d’Ahmed Ouyahia reste l’élection présidentielle de 2014. Pour parvenir à accéder à la dernière marche du pouvoir, l’homme devra encore travailler très dur et mettre en place une stratégie imparable.
T. H.