«Certains partis présentent des programmes inefficaces»
Ils auront pour tâche très délicate de défier des ténors de la politique, une mission casse-cou et pratiquement impossible pour les néophytes.
David contre Goliath. La bataille électorale qu’auront à livrer ces nouveaux venus peut se résumer à celle de ces personnages bibliques avec une issue moins heureuse pour le plus petit des protagonistes. Entre promesses difficiles à tenir quand elles ne font pas carrément partie de leurs prérogatives, les candidats figurant sur les listes de formations politiques fraîchement agréées donnent la nette impression de brasser du vent. Leurs sorties médiatiques s’apparentent à des discours aux relents populistes.
Un exemple parmi tant d’autres: «A propos de la jeunesse qui affronte le chômage il s’agit aujourd’hui de combattre ce fléau de la même façon qu’a été combattu le colonialisme», rapporte une dépêche de l’APS qui fait référence au discours tenu mardi à Skikda par le président du parti El Karama,
M.Mohamed Benhamou. «L’exploitation du savoir-faire permettra de placer l’Algérie sur la bonne voie et de résoudre les problèmes de l’ensemble du peuple, en particulier des jeunes», a affirmé de son côté le président du Mouvement des citoyens libres (MCL), Mostefa Boudina, lors d’un meeting qu’il a tenu le 29 avril à Annaba.
Ce type de déclaration a fait sortir de ses gonds le secrétaire général le Front de libération nationale dont le parti est donné parmi les grands favoris du scrutin du 10 mai. «Certains partis présentent des programmes inefficaces», a souligné Abdelaziz Belkhadem qui animait un meeting, mardi, à Boumerdès. «Les hommes politiques doivent faire preuve de sérieux et de sincérité pour ne pas perdre la confiance citoyenne dont ils ont été investis», a-t-il conseillé. Ayant pris naissance dans la hâte et sans ancrage au sein des différentes catégories sociales, des formations politiques ont parrainé des têtes jusque-là inconnues des électeurs. Elles font irruption et apparaissent sur des listes de partis qui sortent pratiquement du néant. Un coup de poker unique en son genre sur la scène politique algérienne.
Ces femmes et ces hommes réussiront-ils, contre vents et marées, à bouleverser la donne? Créer la surprise? Pour beaucoup d’entre eux le rêve tant caressé de devenir locataire du Palais Zighout-Youcef ne serait que ce que dure le temps d’une législature, cinq ans, et devrait s’estomper le 11 mai.
Pourvu qu’on ait l’ivresse, diront ceux qui n’y auront pas cru. Ceux-là se compteront probablement sur les doigts d’une seule main. Vingt et un partis ont été agréés en moins de trois mois par le ministère de l’Intérieur et n’ont eu qu’un court délai pour tenir leur congrès constitutif afin de pouvoir participer aux élections législatives qui se dérouleront le 10 mai prochain.
Une sorte de course contre la montre qui indique l’engouement, toujours intact, manifeste pour briguer une place de député dont les privilèges assurent, sans coup férir, aisance financière et notoriété. Ce qui fait courir avant tout, la majorité des candidats à la course à la députation. Leur nombre est passé du simple à plus du double.
Quelque 12.000 en 2007 contre 25.000 en 2012.Un chiffre pléthorique qui est appelé à retomber comme un soufflé. Il n’y aura que 462 heureux élus en fin de compte. La décantation doit se faire d’elle-même.
Combien de partis survivront à l’après-10 mai? «Je crois qu’il y aura beaucoup de décantation à l’avenir. Ainsi, pas mal de partis qui ont été créés à la hâte et sans objectifs bien définis, mettront tôt ou tard la clé sous le paillasson», a estimé le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales dans une interview au Quotidien d’Oran. Sans ancrage et sans représentativité la mission semble impossible: «A eux d’avoir des cadres qui peuvent gagner l’opinion publique et avoir des représentants crédibles au niveau de l’Assemblée parlementaire et des assemblées locales et de wilayas à venir», a recommandé Daho Ould Kablia. Une sorte de défi qui leur est lancé…
A eux de le relever.