Un couvre-feu permanent a été imposé depuis mardi 19 janvier dans les villes de Jos et de Bukuru, au centre du pays
Des violences entre chrétiens et musulmans ont repris mardi 19 janvier à Jos (centre du Nigeria), où un couvre-feu total a été imposé par les autorités après un week-end d’affrontements meurtriers. Un couvre-feu nocturne avait été décrété dès dimanche soir après des heurts provoqués par la construction d’une mosquée dans un quartier chrétien, qui auraient fait au moins 192 morts et 300 blessés.
Mais le bilan des victimes pourrait être beaucoup plus élevé au final. Un employé de la mosquée centrale de Jos, Balarabe Dawud, a déclaré hier à l’Agence France-Presse (AFP) : « Nous avons reçu 156 morts ce matin et 36 autres cet après-midi et au total, nous avons 192 corps. »
L’interdiction de sortir de chez soi a été étendue mardi 19 janvier à « 24 heures sur 24 pour Jos et la localité voisine de Bukuru à cause de la reprise de violences dans plusieurs secteurs », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement de l’État du Plateau, Gregory Yenlong.
«Le couvre-feu total ne semble avoir aucun effet»
Des habitants joints au téléphone ont indiqué entendre des coups de feu et constater de nombreux incendies. « D’où je suis, je peux entendre des coups de feu et voir des colonnes de fumée au-dessus de certains quartiers de la ville. On dirait que toute la partie nord de Jos est en flammes », a déclaré un résident du faubourg de Sabon Fegi.
David Maiyaki, un chrétien du quartier de Dutse Uku, a expliqué que les heurts avaient recommencé dans la nuit de lundi à mardi : « Nous nous sommes réveillés au milieu de combats ce matin. Il y a des tirs, des incendies autour de nous. Le couvre-feu total ne semble avoir aucun effet et les combats se poursuivent », a-t-il ajouté, alors que l’annonce de cette mesure était répétée en boucle à la radio. « Il est demandé à tous les habitants de rester chez eux pendant que les forces de sécurité agissent pour rétablir l’ordre », a souligné pour sa part Gregory Yenlong.
Le Nigeria connaît de fréquents affrontements religieux
Chef-lieu de l’État du Plateau (au sud-est de la capitale fédérale Abuja), comptant environ 500 000 habitants, Jos est située sur la ligne séparant le sud du Nigeria, à majorité chrétienne et animiste, et le nord dominé par l’islam. 3 000 habitants ont été déplacés en raison des violences durant lesquelles des maisons ont été brûlées, avait précisé la Croix-Rouge locale, qui n’a pu confirmer le bilan des morts et a fait état de plus de 100 blessés graves.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 150 millions d’habitants, connaît de fréquentes violences entre musulmans et chrétiens, notamment dans les États du centre et du nord où les communautés religieuses ont du mal à cohabiter. En novembre 2008, des centaines de personnes avaient été tuées en deux jours à Jos au cours d’affrontements religieux.
AFP