Une vingtaine de personnes, dont des épouses de personnalités nigériennes, en particulier les femmes du président du Parlement, Hama Amadou, le principal opposant au président Mahamadou Issoufou, et celle de l’actuel ministre d’Etat chargé de l’Agriculture, Abdou Labo, ont été arrêtées lundi dernier au Niger, dans le cadre du démantèlement d’un réseau présumé de trafiquants de nouveau-nés venant du Nigeria, pays connu pour ses «usines à bébés». Des agents de l’état civil et de santé ont également été arrêtés.
Dix-huit d’entre eux ont été inculpés pour «supposition d’enfant» (un délit qui consiste à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui n’est pas sa mère, ndlr), «faux et usage de faux» et «déclaration mensongère», a-t-on appris de source judiciaire. Treize autres ont été relaxées, «C’est un trafic triangulaire Nigeria-Bénin-Niger. L’enquête est menée depuis plusieurs mois par la police de ces trois Etats voisins», a souligné à l’AFP une source policière.
«Le réseau concerne plutôt des femmes ou des épouses qui n’arrivent pas à avoir d’enfants et qui ont recours aux trafiquants», a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. «Les bébés, dont des jumeaux», viennent du Nigeria et transitent par le Bénin, a précisé cette source. «Personne n’a vu où ces bébés ont été achetés. Maintenant que l’Etat a pris l’affaire en main, la vérité va certainement être révélée et la justice tranchera. Nul n’est au dessus de la loi», a réagi la présidente de l’ONG SOS femmes et enfants victimes de violences. «Nous avons plein d’enfants ici.
Ceux qui en veulent peuvent en adopter. C’est plus honorable que d’entrer dans un trafic illicite», a réagi un cadre de l’ONG Timidria, spécialisé dans la lutte contre l’esclavage. Des «usines à bébés», sortes de cliniques privées accueillant des femmes enceintes avant de vendre leurs bébés, sont régulièrement démantelées au Nigeria.