Nicolas Sarkozy a annoncé lundi son intention de porter plainte cette semaine contre le site d’informations Mediapart à la suite d’informations, qu’il dément formellement, sur un soutien financier présumé de la Libye de Mouammar Kadhafi lors de sa campagne présidentielle de 2007.
« Nous déposerons plainte contre Mediapart », a déclaré le président candidat sur France 2, en dénonçant comme un faux le document publié par le site – une note de 2006 présentée comme
émanant des services secrets libyens dans laquelle le régime de Tripoli déclarerait avoir choisi d’appuyer la campagne de Nicolas Sarkozy pour un « montant de cinquante millions d’euros ».
« Ce document est un faux grossier (…) tout simplement parce que les deux personnes en Libye censées avoir envoyé ce document et le recevoir l’ont démenti », a-t-il ajouté en accusant une nouvelle fois Mediapart d’être une « officine ».
« Vous croyez vraiment qu’avec ce que je lui ai fait, M. Kadhafi m’a fait un virement ? Pourquoi pas un chèque endossé, c’est grotesque », a-t-il encore dit.
Un des responsables libyens mis en cause, Bachir Saleh, alors directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, a fait savoir dimanche via son avocat qu’il exprimait « les plus expresses réserves sur l’authenticité de la note publiée par Mediapart ».
Il a ajouté « n’avoir jamais été le destinataire d’un tel document et dément catégoriquement avoir participé à une réunion le 6 octobre 2006 au cours de laquelle un accord aurait été conclu en vue de déterminer les modalités d’un soutien financier à la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy ».
Dans un communiqué, Edwy Plenel, directeur et cofondateur de Mediapart, a indiqué dimanche que le démenti « tardif » de Bachir Saleh était « contredit par l’ensemble de nos révélations, qui sont à la disposition d’une justice indépendante ».
UNE « MANOEUVRE POLITIQUE », DIT FILLON
Nicolas Sarkozy a encore indiqué qu’il y avait « une partie de la presse, une partie des médias, notamment le site en question dont je me refuse à prononcer le nom, qui sont prêts à bidonner des documents ».
« Honte à tous ceux qui vont l’exploiter », a-t-il dit, en précisant que sa plainte serait déposée « avant la fin de campagne » présidentielle.
François Fillon s’est dit lui aussi « certain » que le document produit par Mediapart était un faux.
« On est en face d’une manipulation insupportable mais qui n’est pas nouvelle », a dit le Premier ministre sur RTL avant dénoncer une « manoeuvre politique destinée à faire battre le président de la République ».
Le candidat socialiste François Hollande a estimé que la justice devait être saisie au sujet de cette note.
« C’est à la justice d’être saisie. Si c’est un faux, eh bien le site sera condamné, et si ce n’était pas un faux, à ce moment-là il y aurait des explications à fournir », a t-il déclaré lundi sur Europe 1.
François Hollande s’est également défendu d’avoir un lien quelconque avec Mediapart.
Yann Le Guernigou, avec Chine Labbé, édité par Patrick Vignal