Le président français reconnaît enfin l’Algérie en tant que puissance régionale
C’est ce qu’a estimé l’actuel chef de l’Etat français, mercredi, au cours du débat télévisé qui l’a opposé à François Hollande dans le cadre de l’élection présidentielle.
La communauté internationale met en exergue le rôle clé que peut jouer l’Algérie dans le dénouement de la crise malienne. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a tenu à le souligner: «Le Mali connaît, actuellement, un coup d’Etat doublé d’une rébellion dans le nord de ce pays ainsi que le terrorisme et le trafic en tout genre…Nous ne pouvons pas traiter ces questions sans recourir à l’action centrale de l’Algérie», a indiqué mercredi à Alger Jean Ping qui a confié être venu «solliciter l’appui traditionnel de l’Algérie au continent». Pour l’Algérie, le conflit malien se traduit, dans l’immédiat, par le rapt de sept de ses diplomates, enlevés à Gao par une branche dissidente d’Aqmi (branche d’Al Qaida au Maghreb), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
La junte militaire, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, n’a sans doute pas mesuré les conséquences de son coup de force.
La partition du Mali est en marche. Un contexte qui préoccupe au plus haut point l’Afrique de l’Ouest, toute la région en général et l’Algérie en particulier qui a en partage avec le Mali une frontière de plus de 1300 kilomètres. «La situation au Mali, notamment celle qui prévaut dans le nord, constitue une source de grave menace pour le Mali d’abord, mais aussi pour l’Afrique de l’Ouest et toute la région de manière globale», a déclaré Saïd Djinnit, le représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue le 2 mai 2012 à Dakar. La crise malienne, au coeur d’un sommet extraordinaire qui se tient depuis jeudi dans la capitale sénégalaise, est passée au crible par des dirigeants ouest-africains qui tentent de lui trouver une issue qui mènerait à une transition démocratique ainsi qu’à un retour de l’ordre constitutionnel.
Une préoccupation partagée par les pays occidentaux à l’instar de la France.
La question a été évoquée, mercredi, au cours du débat qui a opposé François Hollande au président sortant dans le cadre de la présidentielle française dont le second tour se tiendra le 6 mai. «Il y a un problème dans cette région.
Le problème c’est la confiance que nous devons mettre dans le travail avec l’Algérie, qui est la puissance régionale, et qui a les clés de l’ensemble des données du problème. La France est l’ancien pays colonial, donc la France ne peut pas intervenir directement. La France ne peut intervenir qu’en soutien avec ces pays. Mais il faut pousser ces pays- Algérie, Niger, Mali, Mauritanie, Sénégal- à travailler ensemble, et que la France et d’autres pays les aident matériellement et techniquement», a déclaré Nicolas Sarkozy qui a été interrogé sur la recrudescence terroriste au Sahel et sur une éventuelle intervention de la France dans la région. Une option qui n’a pas été écartée par le représentant spécial de Ban Ki-moon. «Nous avons toujours privilégié le dialogue dans la recherche de solutions même avec la rébellion, mais en cas d’échec des négociations, la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, Ndlr) envisage de recourir à une force armée», a fait remarquer l’ex-secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
Le président de la Commission de l’Union africaine a de son côté rappelé les répercussions du conflit libyen qui a profité aux groupes terroristes qui se sont réarmés jusqu’aux dents. «Nous avons aussi la conséquence de la situation dramatique que nous avons connue en Libye, sans oublier le printemps arabe en Egypte et en Tunisie», a fait remarquer Jean Ping lors de son séjour algérois. Des conflits qui ont permis à la diplomatie algérienne de se distinguer…