Nice va réserver des emplois publics aux enfants de Harkis

Nice va réserver des emplois publics aux enfants de Harkis

C’est la première grande ville de France à prendre une telle mesure. Chaque année, un certain nombre d‘emplois de catégorie B et C reviendront aux descendants d’Algériens ayant combattu aux côtés de la France pendant la Guerre d’Algérie, «sans concours ni condition d’âge».

Nice est devenue lundi la première grande ville de France à prévoir un contingent d’emplois publics réservés aux enfants de Harkis, ces Algériens qui ont combattu avec l’armée française durant la guerre d’indépendance – en raison de «la persistance de (leurs) difficultés d’insertion», plus de 50 ans après la guerre d’Algérie. Une délibération a été adoptée à l’unanimité par le conseil de la métropole, y compris l’opposition socialiste qui a cependant fait remarquer à Christian Estrosi, maire de Nice depuis 2008, que cela arrivait «peut-être un peu tard». La métropole Nice Côte d’Azur regroupe 49 communes dans un département, les Alpes-Maritimes, où la communauté harkie représente environ 20.000 personnes.

«Le manque de reconnaissance et la persistance de difficultés d’insertion rencontrées par la première génération et leurs descendants sont encore perçues comme des discriminations à l’encontre de la communauté des Harkis», a justifié la métropole Nice Côte d’Azur (sud-est). Dorénavant, un contingent d’emplois de catégories B et C, dont le nombre sera défini chaque année par un comité en fonction des besoins et des profils de demandeurs, sera réservé aux enfants de Harkis, «sans concours ni condition d’âge», pourvu qu’ils s’inscrivent sur une liste.

La crainte d’«une mesurette de plus»

«J’espère juste que ce n’est pas une mesurette de plus», a réagi Ali Amrane, président du collectif des associations de Harkis des Alpes-Maritimes et lui-même élu à Grasse comme adjoint au maire, en ajoutant: «Pourquoi ne pas commencer par titulariser les enfants de Harkis déjà en contrats précaires?» Selon lui, le plan d’action pour les Harkis de 2014 adopté sous la présidence de François Hollande est «très mal appliqué car les grandes administrations comme la fonction publique pénitentiaire, hospitalière et les douanes ne recrutent pas les enfants de Harkis en raison du niveau scolaire exigé: il faut un niveau baccalauréat».

Dès le 25 septembre, à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux harkis, la Ville de Nice avait annoncé la création d’un «comité de pilotage visant à favoriser l’insertion professionnelle des enfants de Harkis» chargé de «déterminer les actions à entreprendre et les objectifs à atteindre», s’était alors félicité Christian Estrosi. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a également réservé six postes dans des lycées pour des enfants de Harkis, en application d’une loi de 2008.

À la fin de la guerre d’indépendance, 55.000 à 75.000 Harkis ont été abandonnés et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes. Quelque 60.000 ont été admis en France, et placés dans des camps à leur arrivée, source de handicaps sociaux et culturels qui perdurent.