Ni carnivore ni végétarien, que va devenir l’Algérien ?

Ni carnivore ni végétarien, que va devenir l’Algérien ?

En ce qui concerne les fruits et légumes de saison, leurs prix ont battu irraisonnablement le record de la hausse.

L’Algérien devrait sérieusement s’inquiéter pour sa santé, la liste des aliments à la portée de son porte-monnaie rétrécie de jour en jour.

Il fut un temps où les légumes et les viandes blanches n’étaient pas interdites au menu de la majorité écrasante de la population algérienne qui représente la classe moyenne.

Car le feuilleton «flambée» ne semble pas s’achever dans les marchés où les citoyens passent comme spectateurs plutôt que clients. Au marché Clauzel d’Alger, une femme demande au commerçant un kilo de tomates, un autre d’oignons, de la laitue, des aubergines, des épinards et de la pomme de terre. Ce commerçant, comme la majorité, n’a pas affiché les prix de sa marchandise.

La cliente lui demanda le prix des légumes qu’elle a commandés pendant qu’il la sert. La tomate fraîche est à 90 DA. Pourquoi dira la femme, avant-hier je l’ai achetée 60 DA ; donnez-moi juste deux tomates pas un kilo.

Cela fera 75 DA les deux tomates, Yemma. C’est quand même cher ! Dites-moi mon fils, pourquoi le prix a augmenté de 30 DA en l’espace de deux jours ? C’est que la tomate a été distribuée aujourd’hui à quantité réduite, lui répond le jeune homme.

Puis il se lance dans l’énumération des prix des légumes : 100 DA l’oignon, 70 DA la salade, 90 DA les aubergines, 40 DA le kilo d’épinards et de pomme de terre. En ce qui concerne les fruits et légumes de saison, leurs prix ont battu irraisonnablement le record de la hausse.

Quand l’oignon, réputé être le roi de la cuisine, et dont la seule prononciation du nom est suivie de «hachakoum», est vendu à des prix qui oscillent entre 90 et 110 DA, il y a vraiment de quoi s’inquiéter puisque c’est le pouvoir d’achat et le niveau de vie qui sont en cause.

Les prix des autres légumes varient d’un marché à l’autre et selon la qualité. Le prix de la courgette est de 70 à 90 DA/kg, la tomate 100 Da/kg, les fèves de 40 à 50 DA, les artichauts 80 DA/ kg, la laitue de 80 à 100 DA, le poivron de 150 à 160 DA/kg. Ainsi, les fruits et légumes sont au même prix.

La différence n’est que de quelques dinars entre le prix d’un kilo de tomates ou d’oignons et celui des oranges, bananes ou kiwi. Les prix des agrumes sont plus chers que les autres fruits et oscillent entre 140 et 180 DA. La pomme est vendue entre 150 DA et 170 DA, les bananes à 130 DA, les dattes à 240 DA. Le problème à soulever en plus de celui de la cherté, est l’absence des contrôleurs des prix, censés lutter contre la spéculation.

C’est le cas de nombreux marchés algérois où l’absence de contrôle fait que les commerçants affichent les prix à leur guise. Il n’existe pourtant pas des milliers de marchés de fruits et légumes à travers le territoire national pour que le ministère du Commerce ne puisse mobiliser un contrôleur ou deux pour chaque marché.

Cela permettra même de créer des postes de travail pour quelques chômeurs. Au niveau des marchés, après les salutations qui s’échangent, on entend les clients qui rouspètent : «C’est trop !» Tout le monde se plaint de la cherté de la vie, surtout lorsqu’il s’agit des produits de première nécessité et à grande consommation.

Si l’augmentation du prix de certains produits est justifiée, tels que le sucre, le café et le thé dont les prix flambent aussi sur les marchés internationaux, d’autres produits alimentaires ont été touchés au mois de février par une hausse des prix de (+5.7 %), dont les produits agricoles qui ont enregistré une hausse de 4.5%, comme l’ont révélé les chiffres de l’Office national des statistiques.

Les pluies abondantes enregistrées durant la saison, les mesures de régulation des prix promises par le ministre de Commerce Hachemi Djaâboub ainsi que les terres agricoles dont dispose l’Algérie n’ont pas eu d’effet sur les prix qui ne font que grimper. A part certains produits qui connaissent une légère baisse, comme la pomme de terre, tous les autres produits alimentaires sont en hausse incessante.

Une chose est sûre, si les départements de l’agriculture et du commerce sont dans l’incapacité de produire ou de contrôler les prix, ils pourront au moins expliquer aux bas salaires de quelle manière affaiblir leur pouvoir d’achat ? Et leur dire si le sel pourra fleurir un jour en Algérie.

Yasmine Ayadi