La mère et la sœur de ce jeune pakistanais de 17 ans font partie des 76 personnes qui ont péri au large de Zouara (160 km à l’ouest de Tripoli).
«Nous étions environ 350, dont mon père et ma mère, ma petite sœur (11 ans), ma grande sœur (27 ans) et mon frère (16 ans)», explique Shefaz, assis à même le sol, blotti contre son frère, dans un commissariat près de Zouara où ont été rassemblés des rescapés.
«Une heure et demi après notre départ, l’embarcation a commencé à tanguer, avant de se remplir d’eau», poursuit l’adolescent, la main sur le front et la tête penchée. «Nous nous sommes retrouvés dans l’eau.
Le bateau s’est complètement disloqué et ma mère et moi nous sommes agrippés à un des bouts de bois.
Nous avons passé neuf heures dans l’eau, ma mère et moi, accrochés à un morceau de bois.
Je n’ai pas cessé de lui dire que tout allait s’arranger mais elle n’a pas tenu le coup et a coulé à peine un quart d’heure avant que les secours n’arrivent», dit-il. «Elle est morte dans mes bras.
J’ai demandé à un secouriste de me permettre de prendre son corps avec moi mais il a refusé. Ma mère est morte.
Ma petite sœur est morte». Plus tard, Shefaz découvrira que son père et sa grande sœur ont survécu.