Les excuses les plus plates. Nebil Karoui, président de Nessma TV, chaîne privée tunisienne qui a diffusé le film franco-iranien « Persepolis », a présenté mardi 11 octobre ses « excuses » pour une séquence du film jugée blasphématoire et qui a suscité des manifestations et des violences dimanche à Tunis.
« Je m’excuse. Je suis désolé pour tous les gens qui ont été dérangés par cette séquence, qui me heurte moi-même », a déclaré Karoui sur radio Monastir, en référence à une scène du film où Dieu est représenté, ce que proscrit l’islam.
« Je considère qu’avoir diffusé cette séquence est une faute », a-t-il dit. « Nous n’avons jamais eu l’intention de porter atteinte aux valeurs du sacré », a-t-il ajouté.
Vous excusez-vous auprès des Tunisiens ? lui a demandé le journaliste de la radio. « Absolument », a répondu M. Karoui.

Le président de Nessma a cependant ajouté qu’il n’aurait « jamais imaginé que cela entraînerait un tel tollé ».
« Ce film a déjà été projeté intégralement dans plusieurs salles en Tunisie et n’a pas entraîné toute cette agitation », a-t-il relevé.
Le tollé a pour origine deux scènes du film où Dieu apparaît sous la forme d’un vieil homme avec une longue barbe blanche (voir la photo Une), parlant à une petite fille, l’héroïne du film.
Dans l’une des séquence, Dieu se présente à la petite fille dans son sommeil en lui disant : « Qu’est ce qu’il y a mon enfant? Ne sois pas triste. » La petite lui répond alors : Toi ta gueule! Ils l’ont tué et tu n’as rien fait! ». Dieu lui répond : Je n’y suis pour rien ce sont…». « Tais-toi! Je ne veux plus jamais te revoir ! Vas-t-en, vas-t-en, vas-t-en…»
La représentation de Dieu et du prophète Mohamed est jugée comme une hérésie dans la religion musulmane.
Après la diffusion vendredi soir en dialecte tunisien du film d’animation de Marjane Satrapi, qui raconte le régime de Khomeiny à travers les yeux d’une fillette, Nessma TV a été l’objet d’une tentative d’attaque dimanche.
La direction de la chaîne avait auparavant reçu des menaces et des appels aux meurtres contre ses journalistes.
Quelque 200 salafistes ont été dispersés avant d’avoir atteint les locaux de la chaîne à Tunis. Le film a toutefois provoqué l’indignation au-delà des cercles extrémistes et relancé le débat sensible sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie.
Un groupe de 133 avocats a décidé de porter plainte contre Nessma TV, l’accusant de porter atteinte aux valeurs religieuses et morales. Le gouvernement tunisien a décidé d’ouvrir une enquête sur cette diffusion.