Nelson Mandela : la mort d’une icône de la paix

Nelson Mandela : la mort d’une icône de la paix

PORTRAIT | L’ancien président sud africain Nelson Mandela, 95 ans, est mort ce jeudi. Le lauréat du prix Nobel de la paix 1993 souffrait d’une infection pulmonaire qui le poursuivait depuis ses années de détention dans les prisons du régime de l’apartheid. Il était en soins intensifs, dans un état critique, depuis plusieurs mois.

Sa dernière ovation mondiale : le 11 juillet 2010. Ce jour-là, Nelson Mandela est venu saluer les spectateurs de la finale du Mondial de football. L’ovation emplit le stade de Johannesburg. Plus de 90.000 personnes scandent son nom tribal, « Madiba, Madiba ! »

La dernière apparition publique de Neslon Mandela lors du Mondial de football © Reuters Michael Kooren

« Père de la nation » et « icône de la réconciliation« 

Comme le drapeau multicolore et l’hymne en six langues, Nelson Mandela symbolise l’unité du pays. Il est « le père de la nation arc-en-ciel« . Celui qui est adulé par la population noire pour son combat mais aussi par les descendants d’Afrikaners.

Symbole en Afrique… et au-delà. L’archevêque Desmond Tutu, autre figure de la lutte anti-apartheid et prix Nobel, l’a qualifié « d’icône mondiale de la réconciliation » pour avoir su transformer sans rancoeur un pays profondément divisé en démocratie multiraciale.

Johnny Clegg (With Nelson Mandela) – Asimbonanga – 1999 Fran © tenshu50

Mais cette image de saint, Nelson Mandela refusait de l’accepter. Dans ses mémoires, Conversations avec moi-même, publiée en 2010, l’ancien président raconte : « L’un des problèmes qui m’inquiétait profondément en prison, concernait la fausse image que j’avais sans le vouloir projetée dans le monde; on me considérait comme un saint. »

Détenu numéro « 46664 »

A 26 ans, apprenti avocat, grand amateur de femmes et de boxe, il s’engage au sein du Congrès national africain (ANC). Le parti, dont il prend les rênes en 1948, se radicalise à mesure que le régime institutionnalise l’apartheid : grève générale, sabotage sur des installations publiques, attaques armées…

La première interview de Nelson Mandela en 1961 © 19370831

Plusieurs fois arrêté et relâché, Nelson Mandela est finalement condamné en 1963 à la prison à vie. Commencent alors 27 années de détention. Mais depuis sa cellule de l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, le détenu « 46664 » continue d’inspirer le combat pour l’égalité entre Blancs et Noirs.

Une intense campagne internationale est menée pour sa libération.

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Journée anti-apartheid’Amsterdam, Afrique du Sud, concert Wembley’ © Ina Sport

Mais il faudra attendre février 1990 pour que le régime sud-africain cède. Le président Frederik de Klerk annonce la légalisation du Congrès national africain et la libération de plusieurs dizaines de prisonniers politiques, dont Nelson Mandela.

Prix Nobel de la paix

Sous les caméras du monde entier, le prisonnier le plus célèbre du monde sort finalement de l’ombre le 11 février 1990. De l’ombre, il passe très vite à la lumière. Honoré du Prix Nobel de la paix en 1993, il est triomphalement élu l’année suivante à la tête du pays. Le premier président noir d’Afrique du Sud promet de bâtir une « nation arc-en-ciel » et mène une politique de réconciliation nationale.

En 1999, le vieux chef âgé de 81 ans n’est pas candidat à un second mandat. Retiré de la vie publique, il utilise alors son immense popularité pour lutter contre le sida, maladie qui ravage l’Afrique. Le poing levé, jusqu’au bout, contre l’injustice.

La vie de Nelson Mandela à travers les réseaux sociaux © CentreofMemory